"lecture-performance"
Improvisations dessinées de Louis-Paul Baudot sur des textes de Bertrand Chavaroche, lus par l'auteur
samedi 10 mai 2008 à 18 h 30
Café-lecture Les Augustes - Clermont-Ferrand
En dessinant la femme.
En dessinant la femme il dit
- Et elle pleure / traits traits. La voix susdit évidemment.
- J’aime quand elle pleure / le noir insiste et raye, débite, éclate et gerbe noir.
La voix fait la grave- la joie grave qui se gave un peu sur j’aime, aime y traîner, y traîne y déleste le crayon la main l’épaule de biais, de biais de baise tordue torse.
- Elle pleure sa tristesse à elle / trait sur trait. La voix dessine l’aile d’elle, appuie sur l’aile, insiste. Trait sur trait / déverse / giclures près de bandeaux drapeaux / près d’étendards / criures par-delà les joues / et les cheveux tout emmêlés.
- Que / sa tristesse à elle / engoncement enfonçure le trait encoignure qui la traite maltraite. Enfonçé noir. Colère. Rentre et dégaine. Noircissures : noircissement césure sciures de l’œil sanies scories. Suspension de la mine puis
- La tristesse des autres / elle ne sait pas / Main partie craie volante le bras monte entoure en robe passe par-dessus. Crayon colt colère. Ce ventre ce cul cette énormité qui occupe. Larmes larmes et sexe de magnolia.
Il s’écarte. Le corps entier s’extrait du grand papier. Il regarde. Par où ? Il regarde.
Crayon : il la tient la cherche la crève la perd perd la trace la repère la reperd la récupère. Danse sur place. Tape le pied. Tape le pied et avance. Décidément. Serre le crayon dans la main. Vise. Confirme. Attaque le volume, les putains de volume. Extrapole la torsion. Cherche cherche des yeux l’endroit où ça se tord. C’est déjà là. A l’esquisse abdomen diaphragme en trop en rab. En râble mis devant-derrière. En rage.
Il dit
- Putain / je sais pas / putain / là ! Le crayon dans l’occupation du ventre énorme. En plein. Dessus. Plein centre bas. Le sexe de la femme comme chose qu’elle est. Chose en plein qu’il lui monte à la gorge. Trait vertical direct de bas en haut d’un trait. Dans la gorge qu’elle n’a pas.
Si gros le ventre confirmer rond qu’à peine place des seins pour s’avachir dessus.
La tête pleureuse se bouffe les seins.
Il : emmerdé avec la bouche. Pas de bouche. Supprimée. Puis non trop de bouche. Bouche lippue rouge dans son noir débordant. Bouche de femme bouchée.
Il : la main l’esprit du crayon court culbute déraille en toute méfiance sur le trait de trop.
- Ah ! il dit Le trait de trop ! tandis que la bouche s’embouche d’elle-même en pleine épaisseur.
Il : revient après avoir fait grand écart du papier, recul droit. Il revient.
Il finit par le sexe, ombrant sa vulve à peine.
Et là… prononce-t-il, traçant décidément lissant l’I grec à l’envers entre cul et cuisses,
là, c’est fermé. Sa voix est claire, très nette. La craie noircit une fois encore la ligne de fermeture tout du long, arrondissant la fesse puis l’ombre. Là, recul. Il se recule. Défait le gant qui protège la main de la noirceur grasse du crayon.
Il : regarde / ce qu’il vient de faire / tout. Il est souple et magnifiquement haut sur ses jambes. Un instant, totalement immobile. A la distance juste. Pour voir. Le tout.
Il dit -pour terminer- il dit -durement dans les dents, mais les lèvres laissent le passage- il dit
- Ca va. C’est pas mal. Puis il se recule encore, décroche le dessin, le retourne côté blanc, le replace au mur.
- Allez. Encore une autre. Sa bouche prononce. Et il fait / poursuit/ défait/ avance avance.
Tête droite
Butée
Tête
Main gauche soulevant (musique)
Fesse lourde imaginaire
Avance recule lève
Va vient
Danse baise
DESSIN : battre le temps / expulser la chimère / baratter le sexe de la femme /
barrer le baratin des sexes.
………………...
Sus-vu toi
à la fenêtre de toi-même
en plein faire en plein vent
là ta danse et ton trapèze
là où ton poids
là où fulmine ta tête
arme blanche craie noire
là : ton sexe exact.
21 avril 2008
Claire-Anne Mérie
voir aussi : la vitrine de Louis Paul Baudot sur Art Point France
contact : Louis-Paul Baudot L-Paul.Baudot@univ-bpclermont.fr