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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 17:19

D'une rive l'autre


dui 4  au 25 avril 2012

 

Galerie François Mansart - paris 3e

 

120x80cm.jpg

 

Après une exposition de ses livres d'artiste à l'espace Landowski de Boulogne Billancourt du 6 au 29 mars, Motoko Tachikawa présente ses oeuvres graphiques à la galerie François Mansart dans le Marais à Paris. 

 

Échouée sur d’improbables rivages, jaillie des profondeurs exubérantes de forêts indolentes ou nimbée de ciels incendiés virant en fleurs somptueuses, toute l’œuvre de Motoko Tachikawa se déploie en un long poème aux confins du réel ; sa manière singulière de vivre son appartenance au monde en fouillant sans relâche, en explorant le visible pour mieux découvrir la part cachée, la lumière et l’ombre, l’immobile et le fugace, l’émotion contenue : J’ai cherché caresses, chaleur et tendresse/J’ai trouvé douleur, chagrin et détresse (Pays de Jean-Paul Soïme). Noir intense d’une orchidée ou d’un arbre, pourpre et or d’un camélia ; aquarellée ou gravée et oxydée à l’acide, chaque œuvre se fait témoin d’une alchimie secrète et d’un dialogue lumineux à la croisée de l’Orient, de l’Afrique et de l’Asie. Des peintures couleur de terre et de ciel qui effleurent les continents par-delà les cultures sans se perdre en chemin dans la voie de l’autre ; s’en dégagent une sérénité en guise d’éternité et l’impression d’un temps perdu incessamment retrouvé. Un graphisme qui étreint, plonge au cœur, jusqu’aux racines, et ne s’y attarde que le temps de retrouver le bleu du ciel, l’indigo de la mer ou la “Lune de grand froid/Comme un coup de pinceau/Au plus haut point du ciel” (Silence, d’Enshi). Nul chevalet n’encombre son atelier : Motoko s’agenouille, sa toile ou sa feuille de papier disposée à même le sol et sourit devant la coulée d’encre surgie par inadvertance qui la surprend et la comble d’une secrète connivence. Et elle rit, de ce rire qui si souvent illumine son propos. Parfois le dessin s’épure, se scarifie ; il devient signe et donc langage à (re)découvrir ; le végétal dépouillé, stylisé, nous renvoie à l‘aube de l’humanité, à ces pétroglyphes qui s’obstinent à celer leur mystère – langage d’avant le langage. Il faut que l’œil écoute ce chant venu de mondes lointains et qui, de l’image au texte – sans jamais que l’on sache qui se confie à l’autre – nous livrent bien des secrets. Œuvre solaire qui se décline en estampes, peintures, gravures et livres d’artiste. Livres rares et précieux où Aimé Césaire, parfois, confie sa plume et sa fille Ina livre ses traductions du créole ; des reliures accordéon à 16 plis, images gravées ou travaillées en numérique ; les textes sont calligraphiés à la main avec des rehauts à l’aquarelle. En une dizaine d’années, sa collection “Poésie à graver” s’est enrichie d’une cinquantaine de titres. Papier népalais, japonais, chinois ou Vélin d’Arches, chacun d’eux, entièrement réalisé à la main par l’artiste, est tiré entre 20 et 50 exemplaires : haïkus de son père, Enshi, de sa grand-mère, Shitsué, dans Voyage, ouvrage dont la couverture est un tissu qui provient d’un kimono d’Enshi. Sans oublier une recette de mousse au chocolat !... l’humour en créole de Jean-Paul Soïme traduit par Ina Césaire. Monde de la fragilité, de l’éphémère à l’ombre de ces fleurs au parfum d’ailleurs (Captive de la gelée du matin/La beauté intense/de la fleur de chrysanthème/S’impose en toute évidence – Silence d’Enshi), mais aussi invitation au voyage et nostalgie, alizés espérés et tristes tropiques. Neige, Silence, Voyage, Désir désert, autant de titres évocateurs et d’étapes pour cette nomade au long cours qui ne retrouve ses racines qu’au fil de ses créations, telle une longue et patiente méditation non exempte de mélancolie parfois, que traverse une poésie du silence : le haïku.

Florent Founès

 

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estampe-01.jpg

 

photos (1) Camélias 80 x 120 cm, aquarelle, huile sur papier (2) Bégonias, tirage numérique pigmentaire sur papier Japon, 30 x 42 cm édition à 5 exemplaires(3) Estampe, tirage numérique pigmentaire sur papier Japon, 42 x 60 cm édition à 5 exemplaires

 

 

Informations pratiques :

vernissage le 5 avril de 18h à 22h

 

Galerie François Mansart

5, rue Payenne - 75003 Paris 

 

ouvert : mardi à dimanche de 14h à 19h

 

voir aussi : un choix de livres d'artiste de Motoko Tachikawa

 

 

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commentaires

M
<br /> très belle illustration et image, merci aussi pour cet article, je vous félicite <br />
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