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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 07:25

 

Exposition collective

 

du 28-01 au 21-04 2012

 

Pavillon blanc, centre d'art - Le Colomiers (31)

 

 

Julien Prévieux

 

 

Dans Les livres de ma vie, Henry Miller écrivait qu'il ne connaissait pas de meilleur endroit pour lire que « dans les profondeurs d'une forêt. De préférence auprès d'un torrent ». L'exposition du centre d’art de Colomiers nous tient éloignés de ces lieux enchantés. Les artistes convoqués pour cette exposition sur le thème de la bibliothèque jouent avec le mobilier et  les représentations en oubliant le mot, le texte, la culture. 

Car force est de constater que ce qui domine est le vide et l'absence. Les bibliothèques sont creuses (Elvire Bonduelle , Eden Morafaux) ou présentent des livres aux idées obsolètes (Julien  Prévieux) ou encore montrent le défilement presque abstrait de l’image virtuelle d'ouvrages alignés (Yann Serandour). 

La disparition du texte, la blessure infligée au livre sont l’objet et le sujet chez Estefania Penafiel Loaiza. La négation radicale du principe de bibliothèque et l'indifférence fondamentale à l'écriture sous tendent les créations de Sébastien Vonnier. Au mieux, un livre unique tenu dans la gueule d'une sculpture en forme de pion d’échec - le fou - est pour Sammy Engramer l'occasion d'exprimer son rapport critique au savoir. 

Seul, dans cette vaste exposition, le graphiste Frédéric Teschner en revenant à la lettre semble se souvenir que le livre n'appartient pas à un passé révolu, n'est pas non plus voué à la disparition puisque ne serait-ce que dans sa dimension d'objet il évolue et se renouvelle à l'envie.

L’exposition  nous dit-on, "vise à explorer les liens de l'artiste avec le savoir et la représentation du savoir et de la culture par les artistes aujourd’hui". D'un seul regard circulaire dans le Pavillon blanc,  il est permis de constater que les jeunes artistes ont renoncé au livre comme source de la connaissance. Ce qui inquiète, c'est le rejet dont le savoir lui-même est l'objet puisqu'ils ne trouvent aucune forme nouvelle pour le représenter.

Les amoureux du livre et de la lecture verront beaucoup de cruauté dans le choix du titre de l'exposition. La luxuriance de la forêt et l'impétuosité du torrent s'accordent mal avec la vision aride d'un imaginaire absent et d'un savoir dont l'accès est empêché.  

Ils dénonceront aussi le paradoxe qui veut que des bibliothèques de lecture publique cherchent dans le miroir que leur tendent ces artistes leur justification. Connaissent-elles le métier de lire et le plaisir de transmettre ? On peut en douter. Les splendides coquilles trop pleines d'ouvrages craquent, se fendent et répendent leur contenu dans le ruisseau de l'oubli faute de passeurs. Pire, avec ce type d'exposition,  elles sont leurs propres dupes : elles croient chanter leur gloire quand elles font l'apologie du rien. 

Catherine Plassart

 

 

Les artistes exposés :  Elvire Bonduelle, Sammy Engramer, Eden Morfaux, Estefania Penafiel Loaiza, Julien Prévieux, Yann Sérandour, Frédéric Teschner, Sébastien Vonier.

 

 

 

Eden Morfaux, Frédéric Teschner

 

 

 

 

 

Yann Serandour

 

 

Estefania Penafiel

 

 

photos : (1) Vue de l'exposition. Photo : Y Gozard premier plan "La totalité des propositions vraies (avant)" de Julien Prévieux, (2) à gauche : 533, 2006-2012S Vonier. Au centre et à droite : L'Etude, 2008 de Eden Morfaux et les Couvertures muettes, 2012 de Frédéric Teschner. Photo : Yohann Gozard, (3) © E Penafiel Loaiza / galerie A Gutharc ; De la rigueur de la science Vues d’exposition. Photo : Yohann Gozard 

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commentaires

A
<br /> quelle belle image, j'adore la conception et les couleurs, c'est vraiment le vai art <br />
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