" Savants ou autodidactes, saltimbanques décalés de pères circassiens et de mères guignolesques, poètes trempés au jus des situationnistes, héritiers du mouvement Dada, les artistes de rue sont trop souvent jugés ringards par les autres arts, alors qu'ils utilisent les mêmes langages qu'ils redéploient dans l'espace public. Ceci explique peut-être cela. Nombreux sont ceux qui dans les institutions déplorent cette propension à envahir les rues, à côtoyer les saucisses frites des jours de fête et des foires du trône, à caresser dans le sens des plumes les politiques ou les communicants en mal d'attentions démagogiques. Panem et circenses Méconnus, inclassables donc mal classés dans la culture et les médias, dotés de moyens limités pour créer, en dépit d'un réseau de lieux très dynamiques, peu encouragés pour écrire ces textes improbables, les arts de la rue payent assez cher cette résistance à tout enfermement dans un jugement bien établi. Cette capacité à échapper à toute critique objective aurait pourtant de quoi réjouir à une époque où chacun s'ingénie à placer l'autre dans des catégories rassurantes et définitives. Écrire ? Nommer un arbre, un vélo, un mobilier, légender l'espace urbain, le réinvestir d'histoires anciennes et futures, imprimer aux paysages des couleurs ignorées' Assumer la parole publique et artistique, les mots pour dire l'art et la société, le dehors et le dedans, la nécessité de rester rebelle sous peine de mourir' Si le mouvement des arts de la rue a été réticent à affronter l'écriture, ses 'uvres éphémères ont dans le même temps composé de belles partitions urbaines. Depuis trois décennies, il a inventé des spectacles où la danse, le théâtre, le multimédia, la poésie, la prouesse, les inventions sonores et plastiques ont enrichi et questionné les codes habituels de représentation. De fait, les artistes de rue offrent au public des histoires en partage dans cet espace qui nous relie encore les uns aux autres, gratuitement. Pourquoi ' Pour la beauté du geste ' Pour le fun, pour dire qu'on a encore envie d'aller au-devant des autres'L'ambition de la collection Carnets de rue est de contribuer à faire prendre conscience des savoir-faire et des écritures singulières de ces maîtres de l'art des artifices ou du boniment, des inventions techniques et des images sonores, de ces metteurs en scène du tempo des villes. Avec ce nouveau développement, l'Entretemps étend son projet éditorial sur les arts du spectacle en y incluant une part extrêmement vivante de leur réalité contemporaine La collection a été initiée par Lieux Publics (Centre national de création des arts de la rue, à Marseille) et Pronomade(s) en Haute-Garonne (Centre national des arts de la rue), structures auxquelles se sont associés HorsLesMurs (Centre national de ressources pour les arts de la rue et les arts du cirque, à Paris) et le Cnes (Centre national des écritures du spectacle, à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon). Le comité éditorial est composé de Pierre Sauvageot, Philippe Saunier-Borrell, Stéphane Simonin, François de Banes Gardonne, Christophe Bara et Claudine Dussollier. La collection bénéficie pour son développement d'un financement du ministère de la Culture et de la communication dans le cadre du Temps des arts de la rue." Claudine Dussaulier directrice de la nouvelle collection "Carnets de rue" aux éditions de L'Entretemps |
A PARAÎTRE : IN SITU Voyages d’artistes européens / European artists on the road prix : 25 € (à paraître fin mars) La relation au public dans les arts de la rue prix : 12 € (à paraître en mai) Récit d’un projet de création théâtrale proposé par Barthélémy Bompard, Joël Cramesnil et Jean-Pierre Tutard prix : 28 € (à paraître en juillet) Un élu, un artiste : Missions Repérage(s) prix : 35 € (à paraître en octobre) |