Sous les portraits, Le Portrait. Notre hypothse est la suivante : Saura n'a peint que des autoportraits. A travers les époques on ne voit que l'homme, planté comme pour un palimpseste. Un monde où derrière la vitre du temps, passe l'heure du sujet. Sinon pourquoi tous ces dessins sur papier ou se succèdent ces têtes qui pourraient toutes êre interchangeables ? Mais il y a une seconde piste, celle, plus mystique et complémentaire aussi. On veut parler de la voie de l'Homme présentée par Ponce Pilate ou encore du Crucifié, sans lequel manquerait certainement une signification à l'idéal représenté dans ce travail. Saura aurait-il eu à payer sa dette à l'Espagne qu'il n'aurait pas agi d'une certaine façon autrement. Portraits, natures mortes, scènes de la vie quotidienne... Tous les genres enveloppent jusqu'au soir et pendant des décennies la même entreprise de reconstruction : sauver l'existence intérieure des ruines du présent. Avec l'impression que l'on reste seul peut-être à converser avec la petite musique du mystère. Exposition Antonio Saura à la galerie Catherine Putman, Paris, 40 rue Quincampoix, « Oeuvres sur papier, 1956-1996 », jusqu'au 10 novembre 2007. |
Bibliographie : Antonio Saura Señoritas y caballeros Ed. Jannink 1992 Recueil de cinq nouvelles inédites, sérigraphie originale signée. voir l'ouvrage (achetez avec Art Point France) |
voir aussi : le site de la galerie Catherine Putman |
Baselitz : renverser les valeurs
Le voyageur perpétuel
Rien de crispé dans sa statuaire. Quelques clous plantés dans le crâne comme chevelure d'une femme. Ici ou là se profile comme un habit un peu d'ocre et de bleu sur le bois lisse.
L'oeil vagabonde, se promène dans un rêve de voyage, sans rien de sec ni de douloureux.
L'esprit danse.
Nal Vad s'est lancé dans une entreprise d'envergure : réconcilier deux histoires, deux mémoires, deux continents. Guidé par le fil d'Afrique et la sculpture ancienne il crée sans angoisse apparente une oeuvre élargie à un public vaste et aussi Occidental.
Il y a de l'exaltation à contempler les pièces car les femmes longues, les statues polies réclament avec lyrisme la mer, le ciel, et les verts paradis.
Ces femmes-idoles ont, comme le serpent, la patience pour elles. Il fait beau temps que l'amour fait tinter les cloches du mystére.
La morale de l'artiste est de maintenir ferme le pacte de ne jamais stagner en matière d'invention. Une vie comme plusieurs , étendue à la traversée des frontières. Tel est sans doute le sens de l'aventure.
NalVad expose avec d'autres créateurs au Musée Municipal Le Touquet ( 62520) dans le cadre de « Gabon / Passions » jusqu'au 4 novembre 2007.
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voir aussi : le site officiel des arts, traditions et culture du Gabon (video de l'exposition) |
Exposition autour de "L'oeil concret de Guillevic |
Eugène Guillevic, né en 1907 aurait eu cent ans cette année. 2007 est donc l'occasion de rendre hommage au poète et de relire sa poésie dépouillée et brillante à la fois. Nombreux sont les artistes qui ont dialogué avec ses textes. C'est ce que nous rappelle cette nouvelle exposition qui est surtout l'occasion de présenter un travail éditorial d'exception : un porfolio réunissant réunissant plusieurs contributions sous forme de commentaires ainsi qu'une vingtaine d'oeuvres originales dues à des artistes différents. La Galerie Ombre et Lumière de Saint-Malo vous invite à une rencontre avec Thierry Le Saëc et Rodolphe Le Corre le samedi 6 octobre 2007 de 16 à 19 heures pour la présentation du portfolio "L'œil concret de Guillevic" composé d'estampes et de dessins de Marie Alloy, Christine Crozat, Catherine Cuneo d'Ornano, Alain Hissette, Rodolphe Le Corre, Guy Le Meaux, Thierry Le saëc, Patrice Pouperon, Jean François Rospape. |
informations pratiques : Galerie Ombre et Lumière 3 rue Saint-Thomas 35400 Saint-Malo tel:02 23 18 44 80 ouvert le vendredi de15 à19 heures et le samedi de 14 à 19 heures |
voir aussi : l'ensemble des livres d'artiste de Thierry Le Saec |
Connaissance par le verre
Souvent au prix d’un grand sacrifice elle marchait sur du verre.
Telle pourrait être la légende photo d’une des œuvres exposées là autour du lien verre et photographie.
Ce qui nous marque dans cette matière transparente c’est qu’il semble que l’esprit a soufflé sur elle. Souffleur de verre et révélation de l’image. Les associations d’idées ont une connotation fascinante.
Et pourtant le verre casse ! Cruelle révision de nos certitudes. Il n’y a rien de définitif dans ce bas monde.
On se souvient sans chercher plus loin que l’atelier photo est un lieu fermé où l’on se protège de tous les malheurs du dehors.
Un jour on sera moins prudent. Lorsque l’on aura déchiré la surface du réel, et que le cristal fondra comme du sucre, alors on montrera toute la richesse oubliée que recèle, derrière les apparences , le verre.
Exposition du 15 septembre au 1er novembre 2007, de vingt-sept photographes à Mougins.
L'ESPACE DES SIGNES ET LES FORMES DE L'ESPACE .
par J.-Paul Gavard-Perret
Dans l'acte de la dessinatrice et de la vidéaste nous pouvons reconnaître la conjonction de deux regards. Celui de silex : tout en concentration, il communique à l'espace une rigueur. L'autre est comparable à celui que les chinois nomment " regard du poignet vide " : la tension de corps s'y annule pour conduire le regard en résonance avec le monde : l'artiste n'y est plus que réceptivité sans projet (apparent), ni " souci ". Dans les deux cas cependant, et Christine Crozat le prouve, ce n'est pas seulement le regard qui est en jeu mais le corps tout entier. Le regard, induit les signes qu'il repère et isole, devient une esquisse motrice du corps exposé à l'espace. De la sorte s'établit un cycle non seulement du regard à la main mais de monde à monde - par cette dernière formule il faut comprendre que l'artiste s'érige comme relais entre les deux là où ils s'articulent mutuellement à l'intérieur de la créatrice comme en chacun de nous. Mais avec une différence : ces signes sont considérés aussi (ou surtout) du point de vue esthétique.
Le rapport qu'entretient l'artiste avec le monde se forge en une intériorité réciproque. Le réel pour elle n'est pas l'occasion d'un dessin, d'une vidéo ni même l'occasion de confirmer ou d'infirmer une théorie ou une pratique de l'image ou d'une logo-machie. C'est une suite de moments de choses que Christine Crozat ne donne pas en livraison mais sous forme d'états critiques. Elle décèle et descelle le monde à travers sa signalétique pour accéder à une sorte d'essence, de langage d'un langage. Chaque oeuvre donne ainsi jour dans l'espace, à une texture, un flux, une émergence ou tout aussi bien un défaut - par manque ou par excès. Ce qu'elle traque est donc l'écart dans le réel - un écart pas forcément perçu comme tel mais qui fait signe au signe lui-même pour le transgresser ou le déplacer. Le monde n'est cependant pas pour elle un objet : il est ce d'où chaque élément apparaissant se fait annoncer comme " étant ". Il est ce qui doit s'ouvrir à nous au lieu même de notre ouverture à lui et de notre conscience des signes qui nous induisent à une lecture univoque.
Le rapport moi-monde impliqué dans cette rencontre, dans ce travail n'est donc pas un rapport entre deux choses données, acquises. Il est constitué de ce mouvement qu'il faut appeler et rappeler sans cesse lorsque l'on est comme Christine Crozat une artiste digne de ce nom. Plus que monde ou de ses signes il faut alors parler de phénomène. Ce dernier est, à chaque fois, le trait du monde dans lequel celui-ci se fait jour dans un éclair de réalité reprise, re-décodée, reconsidérée. Mais cette potentialité n'apparaît qu'avec une co-naissance au monde, avec une sorte d'ascèse mais aussi dans le sentir et la lucidité. Peu en sont capables, Christine Crozat le prouve en créant des oeuvres qui ne sont pas des signes mais des formes. Une forme peut-être ligne, point ou surface en tant qu'ils informent l'espace en se formant eux-mêmes. C'est pourquoi dans une telle recherche les formes ne sont pas signes. Un signe est indifférent au lieu dans lequel il se configure. Une forme est intransposable dans un autre espace : celui où elle s'expose fait partie d'elle autant qu'elle de lui. Ils sont l'un à l'autre en incidence interne réciproque. Une forme de Christine Crozat est donc plus qu'un signe : elle instaure l'espace dans lequel elle a lieu. Elle n'est pas, elle existe, surgit en géodésique de l'espace avant d'être limite d'une figure ou indication d'un contour.
Miralles - La mort au tournant
Je reconnaissais la voix d’un Espagnol, un copain. Je partageais avec lui quelque chose d’imprévu, une origine ( un grand-père pour moi). Il déroulait sa peinture devant mes yeux. Il y avait un chant profond, grave et clair. Rien de récité. Un travail de professionnel sans grandiloquence. La plainte de ses sujets, bien que directe, n’avait rien de désolant. Et c’était cela qui importait. |
Christophe Miralles expose au Centre Mondial de la Paix des Libertés et des Droits de l’Homme du 5 octobre au 20 décembre à Verdun au Palais Episcopal « Apparition ». |
voir aussi : le site de Christophe Miralles |
Petites galeries et grande région :
A l'heure où on s'interroge sur une nouvelle politique pour les arts plastiques en France, où sont mis en cause les choix des FRAC notamment, nous partageons avec beaucoup l'idée selon laquelle pour garantir une pluralité de l'offre culturelle, son caractère professionnel, son rayonnement dans les régions, il s'avère nécessaire d'aider des initiatives plus privées.
Avec une grande foi et du travail, des entreprises minuscules sont en mesure de faire de vraies propositions culturelles et par des actions pérennes de permettre et favoriser la rencontre entre artistes et amateurs.
Ainsi dans de petites galeries cachées au fond des grandes régions, exigence et rigueur intellectuelle font souvent bon ménage avec convivialité et bonne humeur. Ces espaces dédiés à l'art actuel renforcent le dialogue entre artistes et public mais surtout permettent la rencontre avec les oeuvres originales d'artistes vivants.
Catherine Plassart
photos : galerie Alain Paire Aix-en-Provence, galerie Remarque Trans-en-Provence
voir aussi : La Feuillée du 04/10/07
Catherine Plassart - contact@artpointfrance.org
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Les impulsions dissonantes.
La chronologie de l’œuvre de Schnabel, bien que quelque peu controversée est éclairante. Le peintre et cinéaste né en 1951 au USA fait partie du mouvement qualifié de « Bad Painting » en réaction au minimalisme et au conceptuel dans les années 70 et 80.
Il se fait connaître par des grands formats toujours étonnants qui n’ont rien de pontifical ni de pompier. Sa traversée de années 90 le conduit à réaliser un premier film sur la vie et l’œuvre de J-M Basquiat (1996). Récit du chemin de croix du légendaire et fabuleux New-Yorkais d’origine haïtienne.
Julian Schnabel s’est surtout affirmé contre l’idée de la mort de la peinture ( thème hégélien) qu’il s’efforce d’annuler en bon romantique qu’il est. Sa peinture s’inscrit dans des formats monumentaux sur des panneaux qui couvrent des murs entiers. Il semble que son langage pourchasse la détérioration , l’oblitération… et que son parcours soit détaché de toute volonté décorative.
L’événement que représente la rétrospective de San Sébastian repose sur l’attention donnée à l’œuvre regroupée autour de soixante toiles de grands formats et des sculptures échelonnées sur vingt ans.
PG contact@pierregivodan.com
Julian Schnabel, Tabacalera Donastia, San Sebastian. 28 juillet -21 octobre 2007.