Baselitz : renverser les valeurs
Bibliographie :
Georg Baselitz Ce que tu n'es pas est un autoportrait
Ed. Jannink 2002
Texte accompagné d’une eau-forte numérotée.
voir l'ouvrage (achetez avec Art Point France)
Baselitz : renverser les valeurs
Les impulsions dissonantes.
La chronologie de l’œuvre de Schnabel, bien que quelque peu controversée est éclairante. Le peintre et cinéaste né en 1951 au USA fait partie du mouvement qualifié de « Bad Painting » en réaction au minimalisme et au conceptuel dans les années 70 et 80.
Il se fait connaître par des grands formats toujours étonnants qui n’ont rien de pontifical ni de pompier. Sa traversée de années 90 le conduit à réaliser un premier film sur la vie et l’œuvre de J-M Basquiat (1996). Récit du chemin de croix du légendaire et fabuleux New-Yorkais d’origine haïtienne.
Julian Schnabel s’est surtout affirmé contre l’idée de la mort de la peinture ( thème hégélien) qu’il s’efforce d’annuler en bon romantique qu’il est. Sa peinture s’inscrit dans des formats monumentaux sur des panneaux qui couvrent des murs entiers. Il semble que son langage pourchasse la détérioration , l’oblitération… et que son parcours soit détaché de toute volonté décorative.
L’événement que représente la rétrospective de San Sébastian repose sur l’attention donnée à l’œuvre regroupée autour de soixante toiles de grands formats et des sculptures échelonnées sur vingt ans.
PG contact@pierregivodan.com
Julian Schnabel, Tabacalera Donastia, San Sebastian. 28 juillet -21 octobre 2007.
IL n’y avait pas de relâchement dans ses photographies. Comme un retour à l’enfance et à la rigueur . Elle avait posé dans son jeune âge et connu paraît-il un viol à l’âge de sept ans. Lire une photo de Lee Miller est toujours un divertissement. Mais il n’y a pas de profanation involontaire. La nécessité accomplie de dépasser les modèles (un père, des amants etc.) elle renoncera à la photo à l’âge de 47 ans pour mourir presque trente ans plus tard.
Devenue donc mère après avoir été mannequin, égérie de Man Ray, reporter de guerre, femme de millionnaire…elle relèguera finalement la contrainte de la créativité dans son grenier et oubliera son passé au profit des siens.
Il y a des sommeils sacrés sans doute. Cependant quelqu’un n’en avait pas fini avec l’artiste obligée, son fils lui-même. Par une mystérieuse loi de la nature celui-ci approfondit les impasses maternelles et redécouvre l’œuvre occultée.
C’est précisément grâce au parcours d’Antony que le musée du Victoria & Albert Museum de Londres nous montrera 160 photographies d’époque, des magazines et dessins en rapport avec l’artiste, jusqu’au 6 janvier 2008.
Warhol en bonne compagnie.
Pour la simple raison que l’on n’est jamais complètement d’accord avec le fini, Andy Warhol a peint des icônes, des images de l’infini.
Il se peut d’ailleurs que l’apparence des choses manifestées dans ses œuvres ne l’ait jamais intéressé.
Mettre quelqu’un à la place de Mao ou Marilyn, des gens qui lui fussent indifférents et qui s'accordent avec l'intérêt public, eût sûrement été tout aussi vraisemblable à ses yeux.
Non certes parce qu'il ne savait pas se passionner pour les hommes, mais plutôt car ses vrais maîtres, vers lesquels il regardait par derrière, cherchaient tout comme lui à fuir l'ignorance et l'errance, et étaient certainement guidés par un désir de vérité que les images contenues dans leurs tableaux voulaient exprimer.
Parler ainsi d'une inspiration métaphysique (et politique) cachée chez Warhol ne choquera en effet pas grand monde aujourd'hui.
La force de ce maître d'un nouveau genre est d'avoir joué l'habile charlatan et de s'être ainsi concilié les esprits des sophistes du monde de l'art.
Il demeure que selon nous Andy Warhol a toujours dénoncé la vulgarité des choses terrestres et s'est montré le défenseur implacable des étrangers au simulacre comme Basquiat ou Lou Reed par exemple.
Loin des vues malsaines il a contribué à l'éducation du regard et au souvenir de vérités oubliées, comme le rapport au néant, par les arts graphiques des années soixante et plus.
Et il apparaît aujourd'hui bénéfique à la cité.
Exposition de la collection Marx, avec des oeuvres de Andy Warhol, Rauschenberg, Lichtenstein, Beuys, Kiefer etc.
au Muséum Frieder Burda de Baden-Baden en Allemagne, jusqu'au 7 octobre 2007.
informations pratiques :
Museum Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8 b
D-76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0) 72 21 / 3 98 98-0
ouvert du mardi au dimanche de 11 à 18 heures - fermé le lundi
James Bishop
."Works on paper"
L’ouvrage du peintre américain se déploie à la façon d’une oeuvre poétique sur le mode abstrait.
Il se souvient que ce qui fut bon jadis peut toujours être admiré.
On a, bien sûr, souvent changé de méthode en peinture, et le non figuratif n'est plus nécessairement dans l'air du temps.
Certains vous diront même qu'il n'y a que le naturel qui vaille.
James Bishop ne se pose plus la question depuis longtemps. Ses paysages de ciels doux traversés de nuages flottant comme des brèches, détruisent tous les doutes.
Âgé aujourd'hui de 80 ans l'artiste a trouvé sa voie qu'il ne quitte pas depuis beau temps. C'est un chemin que borde une rivière voisine et qui nous entraîne sur les routes du rêve. La promenade que nous propose la rétrospective de Munich ne s'écarte pas du programme annoncé.
De la mesure, quelques replis. On serpente sans obligation entre des relations de couleurs apaisées et de formes géométriques qui s'organisent musicalement.
L'américain s'est nourri des liens avec l'Europe et nous fait partager sa vision d'architecte audacieux campé loin du bruit et des fureurs des marchands de "peinture au kilo".
PG
Exposition à la Pinakothek der Moderne de Munich, jusqu'au 2 septembre 2007.
L’instant fatal
Audacieux sans tumulte, le peintre mesure des yeux le désert du temps.
Barrières obliques, degrés saisis, espace poudreux, les tableaux décrivent un lieu inconnu, un chemin à l'abri des tempêtes.
N'est-ce point de voyage qu'il s'agit encore ? Captif, l'esprit chercherait à délivrer la main pour réussir à guérir.
L'intention est sans tâche ici, et la chasse est heureuse.
Sauver sa vie, tel est donc le message.
Le peintre est patient et s'épargne le ressentiment. Il ne sait que nous rappeler ce qui a déjà été dit hier.
La vie n'a rien de funeste et la folie ne mène nulle part. C'est avec un rien que l'on fait quelque chose.
Trouvez votre place dans l'instant et vous la garderez toujours.
Le soleil s'est levé et ses rayons paraissent blancs, il n'y a pas de nuages et l'on s'abandonne aux étoiles.
La nature est enfin occupée à rêver.
PG
Le peintre Armin Strittmatter participe du 19 juin au 31 juillet 2007 à l''Exposition collective organisée par la galerie Maria Villalba de Barcelone qui réunit les oeuvres de plusieurs sculpteurs et peintres, tous artistes permanents de la galerie.
Les oeuvres exposées :
informations pratiques :
galerie Maria Villalba
C/ Bailén 110 --- 08009 Barcelone
ouvert du lundi au vendredi de 12h à 14h et de 18h à 21h, le samedi de 12h à 14h
Martial Raysse à Palazzo Grassi
Rien de tragique dans ses portraits, car il se partageait sûrement entre l’idée de faire comme une comédie sociale, ou se tourner vers la poésie. Le succès est venu vite. Son style ne faisait pas artificiel ni son langage vulgaire . Martial Raysse s’est tout de suite fait remarquer en plaidant pour le présent dans les années soixante.
Ses femmes se piquent de réunir les canons de l'époque. Il décline avec les Nouveaux Réalistes " l'esprit du temps". Mais il travaille plus sûrement aussitôt à retourner les images façon Pop Art. Photo-collage, néon, huile sur bois, tout y passe. Très indépendant il ne peut plier son talent à une seule école et congédiera un moment la discipline picturale pour le cinéma, avant de revenir à ses pinceaux plus tard.
Mais ici , dans l'exposition consacrée à la période "pop", la formule répond à une crise morale.
Ses personnages féminins deviennent les héroïnes accomplies d'un idéal nouveau... peut-être celui de la libération du deuxième sexe.
Ainsi Martial Raysse inaugure en France une manière nouvelle de traiter esthétiquement de sujets brûlants. Pierre Givodan contact@pierregivodan.com
Exposition " Peintures et sculptures de la collection François Pinault " à Palazzo Grassi (Venise), du 5 mai au 11 novembre 2007. |
Bibliographie : Martial Raysse Qu'il est long le chemin Ed. Jannink 1992 Texte inédit, phototypie originale et signée. voir l'ouvrage (achetez avec Art Point France) |
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voir aussi : le site du Palazzo Grassi |
La promesse farouche
Nous voici devant la cible. Mille fois on l’a regardée sans mépris. Car c’est de liberté que nous parle Jasper Johns. Pour rendre à l'Amérique son honneur. Le bonheur loin de l'esclavage, le coup mortel donné à la perfidie. Jasper Johns inclut l'objet dans sa peinture et utilise les couleurs primaires. Il profane la peinture abstraite et embrasse les habits des temps nouveaux . Avec lui le Pop Art s'apprête à faire son entrée. Le côté épique et victorieux, la référence aux annales de l'Histoire menace. Le peintre demande une place pour parler des injustices, des prisonniers de la société de la consommation et des voyages. Il touche au soupir d'un nation en devenir de rouge, jaune et bleu. Il vise le coeur du sanctuaire peut-être et médite une réponse. Loin de la nuit des témoins des scènes funèbres il ramène nos yeux vers la terre, les rayons du jour, l'âme des objets dont il semble aussi célébrer le silence. Le temps semble impatient devant ses toiles et l'esprit soupçonne un nouvel âge.
PG
Exposition Jasper Johns au Kunstmuseum Basel du 2 juin au 23 septembre. "an Allegory of Painting" 1955-1965, Bâle, Suisse.
Dès l'origine il a refusé de se laisser instrumentaliser.
Il y a eu l'Abstraction Expressionniste, puis le retour à une figuration proche de la bande dessinée.
L'homme a toujours été obsédé par le malheur de la condition moderne. Il s'agissait pour lui de veiller à peser contre toutes les formes de fascisme et de totalitarisme.
La réalité historique dans son ensemble ne l'a jamais laissé indifférent.
C'est pourquoi il a tenté de rendre justice à la peinture sous tous ses aspects. Il a inventé ainsi l'union de l'abstrait avec la figure. Et nous a expliqué la violence du siècle. Il a évoqué la colère contre toutes les formes d'attentat contre la civilisation et l'homme d'Occident.
Il n'a jamais renoncé à l'autonomie de la peinture cependant et du tachisme au graphisme dans les années soixante-dix il a élaboré un langage de l'irrationnel mobilisé contre l'antihumanisme et le déchaînement des politiques de la domination .
PG
Exposition Philip Guston, Louisiana Museum for Moderne Kunst, Humlebaek, Danemark du 1er juin au 26 août.
Alberola à Art Basel
Des années de guerre sans importance. Des" Massacres d’Innocents".
Constater le désert qui grandit et la part du dessin. Le confort douillet des Occidentaux.
Et l'exemple des combattants de la liberté.
Albérola politique. Un monde divisé, illuminé de conflits.
Albérola moraliste, polémiste. Né à Saïda en 1953 (Algérie).
Fidèle à la méthode d'en appeler à la peinture pour développer des fictions incommodes et enchantées.
Sensible à l'actualité. Un des rares Français qui juge plus important de s'opposer aux critiques flottantes qui dominent la peinture depuis des années.
Et ceci en déplaçant la querelle dans le travail de l'oeuvre.
Car ce n'est pas si simple la vie, lorsqu'elle est dispersée.
PG
Oeuvres à voir à la galerie Templon ,"Art Basel", Bâle ( Suisse) du 13 au 17 juin 2007.