Sources et résurgences
jusqu'au 15 octobre 2006
Maison René Char - L'Isle-sur-la-Sorgue |
Crassier légitimiste, 2005 Encre et acrylique sur papier marouflé sur toile, 93,5 x 93,5 cm |
"Remonter à la source... Cet exercice auquel tente de se livrer tout critique devant une oeuvre, Alechinsky en a lui même suggéré les pistes sinon les moyens."
Daniel Abadie, commissaire de l'exposition "Pierre Alechinsky, Sources et résurgences" a imaginé un principe inédit pour la lecture de l'oeuvre de l'artiste à qui il a d'ailleurs demandé son concours constant.
Il n'a pas voulu une rétrospective, ou une suite chronologique de tableaux mais bien au contraire il a souhaité par delà le temps et les périodes, montrer la cohérence profonde d'un travail, d'une démarche.
Les images récurrentes : serpents, mer, pelures d'orange, chutes d'eau ou volcans... se déclinent sur tout support du papier à la porcelaine , tout format, et grâce à toutes sortes de médiums, dessin, peinture, gravure, lithographie...
Le travail d'Alechinsky combine la leçon de l'automatisme surréaliste, de la spontanéité de CoBrA avec celle des maîtres de la calligraphie chinoise.
Du premier tableau Central Park dans lequel Alechinsky met en oeuvre le principe des "remarques marginales" , à The Maid of the Mist qui accepte tout juste à sa base une prédelle, jusqu'au Crassier légitimiste dont l'image centrale est à peine décalée dans sa bordure hachurée, le dessin est là comme une autre manière d'écrire, la peinture utilisée plus que jamais non pas pour peindre mais pour dépeindre.
Pour Alechinsky de toute façon le monde peut se lire en tous sens ; "le propre de l'artiste étant non de le reproduire, mais d'y ajouter du sens".
L'exposition présente des oeuvres qui ont déjà trente ans et des oeuvres très récentes telles que "Hutte saisonnière", "Le Fort de Touillon", "Le Crassier légitimiste". Ces dernières évoquent des stèles incongrues, des tumulus de signes, autant d'images imprévisibles auxquelles Daniel Abadie associe ces quelques vers de Victor Segalen :
"Le peu de ciel qui persiste coiffe votre front. L'écorce de la montagne vient plaquer sur vos yeux son grand masque. Les deux versants propices aux échos encapuchonnent vos oreilles. Il n'y a point d'homme autre que vous ? Mais le Paysage bien contemplé n'est pas autre lui même que la peau - trouée par les sens - de l'immense visage humain."
Cette exposition est à voir dans les très belles salles de l'Hôtel Campredon à L'Isle-sur-le-Sorgue jusqu'au 15 octobre 2006. |
Cobra, c'est mon école. Dans Souvenote (1977), l'artiste évoque cette "rencontre capitale" et la découverte de la peinture d'Asger Jorn, Karel Appel, Constant, Corneille et Karl Emil Pedersen. "Cobra c'est la spontanéité ; une opposition totale aux calculs de l'abstraction froide, aux spéculations misérabilistes ou "optimistiques" du réalisme socialiste, à toute forme de décalage entre la pensée libre et l'action de peindre librement ; c'est aussi une ouverture internationaliste et une volonté de déspécialisation (des peintres écrivent, des écrivains peignent). PA
C'est ainsi qu'il se lance dans le travail d'organisation du mouvement (nous sommes en 1949), assiste Christian Dotremont dans la fabrication des numéros de la revue et la coordination des expositions.
voir aussi : notre bio-bibliographie Alechinsky |
Informations pratiques Plusieurs projections chaque jour du superbe film : L'Oeil du peintre de Robert Bober réalisé pour ARTE en 1997 Dans le cadre de l’exposition « Alechinsky, sources et résurgences », la Maison René-Char – Hôtel de Campredon a organisé deux soirées Poésie les 20 et 21 juillet , lecture de Daniel Mesguich et de Timothée Laine. ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h30 |