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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 06:12

« Tellement j'ai faim »

 
du 5 juin au 20 juillet


Galerie Polad-Hardouin - Paris (3)

 Lydie Arickx                Lydie Arickx
                 

De l'ivresse en peinture.

par Frédéric-Charles Baitinger


Nos corps, à chaque instant, sont traversés de forces qui les poussent, les contorsionnent, les malmènent ou les transfigurent. Toutes ces forces ne sont pas des forces morbides, mais des forces qui, au contraire, obligent la vie à se dépasser, à s'affirmer envers et contre ces flux et reflux invisibles qui, comme la vague contre la rocher, viennent la heurter de plein fouet. Les toiles de Lydie Arickx dressent l'inventaire de ces forces, capturent l'effet intérieur quelles produisent pour mieux le sublimer : elles sont une assomption de la couleur, une élégie de la vie assumant ses pertes, une iconologie païenne de la chair meurtrie mais renaissante.



C'est indéniable, il y a, dans chacune de ces toiles, une force de vie, une foi impondérable dans la vie, même quand celle-ci semble soulevée d'horreur, car cette horreur, cette sensation atroce et insupportable qui traverse les chairs, Lydie Arickx ne la montre jamais comme un spectacle qui lui serait extérieur, mais comme un monde qu'elle habite et qu'elle transfigure de sa propre puissance – de sa propre ivresse.



« Tellement j'ai faim...» dit-elle, tellement j'ai foi en la vie... La puissance de sa peinture réside dans cette contradiction glorieuse où les corps s'affirment envers et contre les forces qui les nient, dans cette capacité à affronter toutes les souffrances de la vie sans jamais y succomber, mais en y apportant à chaque fois un surplus de force, un supplément d'âme. Contre le devenir supplicié des chairs, Lydie Arickx peint l'assomption de corps extasiés ouverts sur l'infini. 



Lydie ArickxMais pour atteindre à un tel quantum de force, à une telle affirmation, Lydie Arickx a dû se battre contre elle-même, apprendre à dépasser ses peurs pour se regarder en face. Il y a quelques années encore, ses peintures représentaient des corps cherchant à s'isoler de la matière. Il s'agissait alors pour elle de peindre des lignes repliés, des corps encapsulés à l'intérieur de leur propre martyrs.



Mais aujourd'hui, à l'heure où sonne pour elle l'heure du grand midi, les corps qu'elle représente osent enfin se dissoudre dans la matière sans pour autant se perdre en elle. Ouvrant progressivement les lignes dures de leurs contours, ils s'imbibent de tous les accidents qui les déforment, aspirent à eux les moindres particules de matières encore inertes. Ce n'est désormais plus seulement le corps qui lutte pour sa survie, mais toute la nature souffrante qui sombre dans un délire d'empathie universelle.




Artiste
À la fois peintre et sculpteur, Lydie Arickx est née en 1954. Elle expose pour la première fois en 1982, après avoir suivi les cours de l’Ecole Supérieure des Arts Graphiques de Paris. Dès 1988, elle présente son travail en Belgique, en Suisse, en Allemagne, aux Pays -Bas puis en Espagne, aux Etats-Unis et au Japon. Particulièrement remarquée à l’occasion d’une exposition au Couvent des Cordeliers de Paris, Lydie Arickx participe aux grands événements internationaux comme la Foire de Bâle ou Art Paris. Elle figure dans les collections publiques dont celle du Musée National d’Art Moderne, Paris. Elle a aussi réalisé une série d’œuvres monumentales comme la sculpture La Genèse, fontaine de bronze de trois mètres sur deux pour le Château Lagnet en 2000. Elle est Chevalier de l’Ordre National des Arts et Lettres.

Le silence qui parle Les nouvelles chroniques de Frédéric-Charles Baitinger fredericcharlesb@hotmail.com



informations pratiques :

galerie polad-hardouin
86, rue Quincampoix - 75003 PARIS
Tél: + 33 (0) 1 42 71 05 29
email : contact@polad-hardouin.com

Du mardi au samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous

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