Le musée des Arts premiers
Inauguration le 20 juin 2006 Ouverture au public le 23 juin 2006 |
Les musées ont leur histoire. Donc, inutile de le nier, le musée des arts premiers voulu par le président Chirac a un "propos politique qui tranche avec le passé colonial ", il figure "l’idée de l’égalité entre les cultures. "
La naissance d'un nouvel établissement muséal génère nécessairement des conflits entre musées. Disparition des uns, reconversion des autres, déménagements, les engagements politiques et sociaux évoluent.
La perfection du musée d'aujourd'hui consiste "à dissimuler qu'il provient de collections..." et en l'occurence ici d'appropriations et de pillages. Le musée des arts premiers semblent avoir pris le contre-pied de cette réflexion. Les objets viennent de loin, ils ont été déplacés, voire détournés, par exemple ceux "interdits de vision " dans leur pays d’origine parce que chargés d’une force magique ou sacrée. Mais leur histoire est méticuleusement et scientifiquement reconstituée et rapportée.
Il y aura malgré tout sans doute quelques remous produits à l'arrière de ce nouveau navire en marche. Ils viendront de France et de l'étranger. Gageons cependant que grâce à la belle réalisation architecturale signée par Jean Nouvel et son équipe, ce musée qui souligne l’importance de la dimension culturelle et patrimoniale de la diversité accomplira une des missions qui lui incombe la connaissance de l'autre, sa reconnaissance . C.P. |
LE PROJET JEAN NOUVEL "C’est un musée bâti autour d’une collection. Où tout est fait pour provoquer l’éclosion de l’émotion portée par l’objet premier ; où tout est fait, à la fois, pour le protéger de la lumière et pour capter le rare rayon de soleil indispensable à la vibration, à l’installation des spiritualités. C’est un lieu marqué par les symboles de la forêt, du fleuve, et les obsessions de la mort et de l’oubli. C’est l’asile où sont accueillis les travaux censurés ou méprisés, conçus naguère en Australie ou en Amérique. C’est un endroit chargé, habité, celui où dialoguent les esprits ancestraux des hommes qui, découvrant la condition humaine, inventaient dieux et croyances. C’est un endroit unique et étrange. Poétique et dérangeant. Le construire ne peut se faire qu’en récusant l’expression de nos actuelles contingences occidentales. Exit les structures, les fluides, les "menuiseries" de façade, les escaliers de secours, les garde-corps, les faux plafonds, les projecteurs, les socles, les vitrines, les cartels... Si leur fonction par la force des choses doit demeurer, qu’ils disparaissent de notre vue et de notre conscience, qu’ils s’effacent devant les objets sacrés pour autoriser la communion. Facile à dire, plus difficile à faire... Et l’architecture qui en découle a un caractère inattendu. Est-ce un objet archaïque ? Est-ce l’expression de la régression ? Non, tout au contraire, pour arriver à ce résultat, les techniques les plus pointues sont convoquées : les verres sont grands, très grands, très clairs, souvent imprimés d’immenses photographies, les poteaux aléatoires dans leur positionnement et leur taille se prennent pour des arbres ou des totems, les brise-soleil en bois gravés ou colorés supportent des cellules photovoltaïques... Mais, peu importent les moyens... Seul le résultat compte : la matière par moment semble disparaître, on a l’impression que le musée est un simple abri sans façade, dans un bois. Quand la dématérialisation rencontre l’expression des signes elle devient sélective. Ici l’illusion berce l’œuvre d’art. Reste à inventer la poétique de situation: c’est un doux décalage: le jardin parisien devient un bois sacré et le musée se dissout dans ses profondeurs." voir le superbe site de l'architecte Jean Nouvel |
PREMIERE REACTION : BEN "À l'approche de l'ouverture Ben |
voir aussi : le site du Musée quai Branly |