Art contemporain : un regard lavé de tout soupçon sur l'actualité des expositions, des salons, des événements culturels en France et en Europe.
![]() | ![]() |
Patrick Dougherty | Benoit Lemercier |
Un parc est un ensemble paysagé de caractères et de formes, modelé en partie par les rythmes que lui imposent la nature. Docile et consentant, il apprécie pourtant d'être entretenu, "bichonné". En Occident, on lui a toujours demandé d'accueillir des sculptures au détour d'une allée. Des fontaines, des portiques ou des kiosques dans des places dédiées. Au fil du temps, arbres, arbustes, buissons, parterres et parties architecturées se mêlent tant et si bien que l'on ne distingue plus entre leurs natures végétales et minérales.
Et puis, comme à Ar Milin', une main invisible y pose des réalisations monumentales de sculpteurs contemporains. Les arbres séculaires se redressent, les buissons se gonflent, l'herbe mousse.. Pelouses et sous-bois sont la scène d'un nouveau théâtre. L'occasion est donnée à six artistes de présenter pour la sixième édition de "Jardin des arts", des sculptures sur cinq hectares de parc du 3 mai au 15 septembre 2008.
Au nombre de vingt, les oeuvres, s'inscrivent pour certaines intimement dans le lieu, alors que d'autres modifient notre perception de la dimension architecturée du paysage.
"Trailheads" de l'américain Patrick Dougherty construite In situ, à l'orée d'un bosquet est un édifice en branches, aux proportions et à la fantaisie gargantuesques. Animée d'un esprit d'enfance, échevelée, la sculpture tient à la fois de la cabane de Robinson et du château en Espagne.
"Supercordes" de Benoit Lemercier est une structure en tôle et en acier qui donne à voir les cordes de vibration, éléments subatomiques constituants de la matière, dans une représentation dilatée. L'oeil étonné rapproche la chorégraphie débridée des rubans métalliques, calquée sur les ondulations infinitésimales du plus petit constituant de la matière, avec les entrelacs des branchures des arbres éloignés.
![]() | ![]() | ||||||||||
Thoma Ryse |
"L’art qui repose" I et II de Thoma Ryse soulignent en douceur l'agencement des courbes du terrain et des lignes du territoire environnant. Cependant, la prédominance inattendue du langage de la couleur dans ces oeuvres bouscule et interroge. Légèrement "pop", elles font aussi un clin d'oeil au jardin zen et posent au mieux la question du rapport entre visible et invisible, entre nature et culture, entre modernité et tradition.
Car, si le parc, création de l'homme, possède sa géographie, sa silhouette, son histoire, la manifestation n'est pas une intervention destinée à le faire évoluer. "Jardin des arts" est une exposition temporaire de sculptures monumentales dont Ar Millin' est l'écrin ou la scène selon le type de dialogue qui s'installe entre les oeuvres et les formes de la Nature alentour.
Catherine Plassart
Informations pratiques :
Parc d'Ar Milin
Chateaubourg (35)
ouvert tous les jours - entrée gratuite
Oeuvres de Claudine Brusorio — Marie-Pascale Deluen — Patrick Dougherty — Benoit Lemercier — Alain Marcon — Thoma Ryse
Organisation et financement, Les entrepreneurs mécènes.
voir aussi : www.lesentrepreneursmecenes.fr