Art contemporain : un regard lavé de tout soupçon sur l'actualité des expositions, des salons, des événements culturels en France et en Europe.
Basserode, Denis Castellas, Patrick Corillon, Koen De Decker, Dominique Ghesquière, Philippe de Gobert, Philippe Ramette, Allen Ruppersberg, Reiner Ruthenbeck, Katrin Sigurdardottir
du 12 mai au 26 août 2007
à l'Hôtel Dieu de Louhans (71) | ||||||
La municipalité de Louhans a convié le Fonds régional d'art contemporain de Bourgogne à concevoir une exposition des œuvres de sa collection à l’Hôtel Dieu, afin de porter durant l’été un nouveau regard sur cet édifice méconnu du patrimoine hospitalier de Bourgogne. Les visiteurs découvriront la présence discrète des œuvres d’aujourd’hui parmi le patrimoine des lieux, invitant chacun à nourrir sa visite d’autant de récits imaginaires sur la vie oubliée de cet ancien hôpital. | ||||||
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Fragments d’un temps oublié
Dans l’ancien réfectoire des sœurs, les œuvres de Basserode et Philippe De Gobert évoquent la vie quotidienne de femmes qui vouaient leur existence au secours des autres. Nées de bonnes familles, et cultivées pour la plupart, elles apportaient avec elles leur mobilier et le réfectoire atteste d’un certain luxe auquel renvoie l’œuvre de Basserode Partition (1996).
Au dessus de la cheminée, l’œuvre de Philippe De Gobert Alice (2004) semble avoir arrêté le temps. Tel un miroir, et bien qu’en noir et blanc, l’œuvre semble refléter les murs du réfectoire et un rideau, comme agité par le vent, flotte devant la fenêtre.
Dans la cuisine la vie semble elle aussi suspendue tant les assiettes pourraient tout aussi bien venir d’être déballée par l’un des usagers du lieu. Or ces assiettes portent des marques profondes, comme si l’usage des couverts avait réussi à entamer en même temps que la matière, la raison même des assiettes, leur capacité à résister.Cette œuvre de Dominique Ghesquière est tout simplement intitulée Assiettes (2002). | ||||||
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En quittant la cuisine, pour poursuivre la visite du lieu, on pénètre dans la seule salle rénovée. L’œuvre The Chamber (2004) de Koen De Decker plonge le spectateur dans le noir et l’invite à découvrir l’architecture du lieu en déplaçant les trois cubes placés dans le volume de la salle.
Dans les salles de soin, les hommes étaient séparés des femmes par des grilles pour la nuit, situation éventuellement propice à l’imaginaire amoureux évoqué par les œuvres de Denis Castellas et Patrick Corillon. Ce dernier a réalisé une série intitulée Pièges à ours (1995) dont La Lettre est exposée ici. Chez Cornillon un objet est à chaque fois mis en relation avec un texte qui lui donne un sens.
L’œuvre Sans titre (1992) de Denis Castellas pourrait évoquer le souvenir d’une union brisée, deux arcs de lumière réunis sommairement par un tissu noir en signe de deuil. « Bris-collage » est le mot par lequel Denis Castellas définit lui-même une œuvre toujours à la limite de l’effondrement et de l’effacement.
Presque au centre de la salle l’œuvre Tuch mit Spannrahmen (1976) de Reiner Ruthenbeck résonne de multiples échos avec le lieu et son histoire. Comme l’explique l’artiste lui-même à propos de son travail, « Un des thèmes essentiels en est la polarité, la dualité comme données universelles ou leur état de fusion ». | ||||||
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Dans la salle des hommes, la Carte du monde (2002) de Dominique Ghesquière semble avoir été laissée là depuis peu. Pourtant, presque totalement effacée, elle pourrait aussi avoir été oubliée depuis longtemps.
Un peu plus loin, presque invisible, l’œuvre de Allen Ruppersberg est constituée de livres simplement posés sur une table. SISTE VIATOR (la halte du voyageur) a été réalisée en 1993. Ces vingt ouvrages forment un recueil d’histoires réelles ou fictives, en une sorte de monument. Ce n’est pas une sculpture comme c’est le cas habituellement, mais un monument fait de mots, de pensées, à travers le choix des livres eux-mêmes. Ce monument est dédié à un fait historique de la seconde guerre mondiale peu connu en France, la bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944) durant laquelle les armées anglaises, hollandaises, allemandes et polonaises se sont affrontées pour la prise des ponts entre Eindhoven et Arnhem, que les alliés n’ont finalement pas réussi à reprendre. Près de 8000 hommes ont été tués, faits prisonniers ou portés disparus, c’est pourquoi cette bataille a laissé une forte empreinte dans les mémoires. L’artiste a choisi des livres de chacun de ces pays pour constituer ce monument et, sur chaque ouvrage, un ex-libris en page de garde porte le nom d’un soldat tombé lors de cette bataille.
Au centre de la salle Balcon (1996) de Philippe Ramette prolonge la portée existentielle des deux autres œuvres et donne une tonalité presque morale à cette salle, telle une vanité contemporaine. | ||||||
informations pratiques : Vernissage le vendredi 11 mai à 18h30 Visite enseignants : vendredi 11 mai 2007 à 17h30 Ouvert tous les jours
Frac Bourgogne | ||||||
voir aussi : le site du Frac de Bourgogne, le site de Patrick Corillon, |