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Etre couteau de soi Jacques Dupin à Privas., Expositions et lectures : Théâtre et Médiathèque de Privas, du 27 février au 24 mars 2007 avec la participation de la revue "Faire Part" (07160 le Cheylard) dont le numéro double 21-22 est consacré au poète. |
"Nous sommes très peu, écrit Dupin à propos des poètes dans son dernier livre, à nous effacer pour écrire". Et selon lui la poétique se résume à une simple phrase : "une pratique et une agonie". Dès lors c'est presque un miracle que l'auteur ait accepté de participer à la journée organisée par le comité de rédaction de la revue "Faire Part", journée qui sera l'apothéose du mois consacré au poète. Cette phrase - simple acte de lucidité - prouve combien pour l'auteur l'existence reste consubstantielle à l'art qu'il pratique sans abdication mais avec le sentiment d'une dérive ou d'une descente vers ce qui n'est pas encore la mort mais qui sinon lui ressemble du moins nous en approche. La poésie est donc le contraire de ce qu'on veut en faire : une rêverie. C'est à l'inverse lorsqu'elle est vraie, le seul et réel exercice de lucidité dans lequel les mots anticipent ce qu'ils ont à dire tandis que dans tout autre discours les mots ne sont plus que des outils de théorisation, d'explication, de communication. Dupin rappelle certes qu' "écrire n'est pas une fin d'où l'importance des mots. Toutefois, dans le poème, on ne les "applique" pas : " je me jette contre" dit l'auteur de "Coudrier" , arbre dont le propre des branches est de se tordre dans l'appel de ce qui va jaillir. Mais le mot peut être trompeur car ici la poésie n'est pas un décor : c'est une recherche désespérée, faite de tensions, de pulsions mais qui l'âge venant se dénude de moins en moins par le rire comme c'était le cas dans ses premiers livres (dont "Cendrier de voyage" qui vient de reparaître aux éditions "Fissiles"). Tout cela sera sans doute explicité par l'intermédiaire d'Alain Coste et - entre autres - Alain Chanéac et J-G Coscuella poètes eux-mêmes et qui savent combien Dupin reste un des grands poètes dépeupleurs. Mais ils savent aussi qu'il s'agit d'un dépeuplement particulier car vital et qui fait la part belle à l'Autre même si l'oeuvre se situe de plus en plus du côté de l'ombre. "Trocs des voix qui distribuent dit par exemple celui qui ne se fait guère d'illusion ce qu'il en est ou ce qui reste de nous : |
voir aussi : notre dossier Jacques Dupin |