Allen Ruppersberg L’œuvre d’Allen Ruppersberg puise aussi bien dans de nombreuses sources littéraires (Oscar Wilde, Voltaire, H.D. Thoreau, Allen Ginsberg…) que dans les composantes de la culture populaire américaine (roman policier, illustration, bande dessinée…), tout en étant constamment traversée par des références autobiographiques. Ainsi, les lieux de vie de l’artiste – et les relations interpersonnelles qu’ils peuvent générer – sont d’une grande importance dans sa production : Los Angeles et New York avant tout, mais aussi différentes villes européennes (Münster, Bâle, Arnheim, Francfort…). Allen Ruppersberg explore simultanément différents modes opératoires qui posent véritablement des actes inscrits dans des temporalités particulières (lire, écrire, copier, collecter, collectionner…). L’un des fondements de son œuvre réside alors dans la transposition et le recyclage de ses propres travaux, ou de leurs fragments. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que les formes d’expression d’Allen Ruppersberg soient extrêmement diversifiées – installation, performance, multiple, peinture, sculpture, dessin, livre, photographie, vidéo… – dans ce qui finit par composer dans sa complexité l’expérience de la création et par (ré)écrire le récit de toute une vie. Exposition / One of many – origins and variants One of many – origins and variants met en lumière la passion de collectionneur d’Allen Ruppersberg pour les livres, affiches, coupures de presse, notices nécrologiques, cartes postales et les films pédagogiques et documentaires. L’artiste soumet chacun des simples artefacts de son vaste archivage (One of Many) -– ce dernier ayant toujours constitué la matière première des œuvres d’Allen Ruppersberg – à un processus d’adaptation artistique et de variation (Origins and Variants), dans le sens de la décontextualisation. De nombreuses copies de multiples sont réalisées sans véritable " original ". Tout comme des œuvres individuelles originales sont des copies, exécutées à la main, d’objets de la vie de tous les jours. Spécifiquement réalisée pour l’exposition, l’installation intitulée These Fragments… 1968-2003 propose de porter un regard panoramique sur le parcours d’Allen Ruppersberg à travers la " mise en scène " par le biais de pièces de mobiliers de théâtre (créées par l’artiste en 2003), de multiples et d’originaux d’œuvres anciennes (notamment des fragments des projets de nature éphémère Al’s Café et Al’s Grand Hotel) et récentes. Cette installation – sorte d’archivage des œuvres de l’artiste – évoque son point de vue particulier sur les relations entre l’art et la vie, la construction de la fiction et la production du réel, les sphères privées et publique. These Fragments… 1968-2003 est emblématique d’un des principes fondamentaux de la pratique d’Allen Ruppersberg : créer, assembler, extraire, déplacer, réassembler, tant les œuvres elles-mêmes que leurs " composants ". L’artiste fait glisser ses éléments visuels et textuels dans de nouveaux contextes, dans un mouvement permanent de distanciation et de réappropriation. Créant une relation particulière de chaque pièce à l’ensemble, Allen Ruppersberg élabore une œuvre vaste et ouverte qui ne cesse de s’autogénérer. |
Anthony McCall Cinéaste d’origine britannique installé à New York, Anthony McCall réalise au cours des années 70 une série de films de " lumière solide ", qui pose les bases d’un nouveau " cinéma géométrique " et inaugure une création expérimentale nourrie à la fois de la scène artistique et de la création cinématographique. Line Describing a Cone, est, dès 1973, emblématique des recherches de l’artiste. Avec ce premier Solid film, et selon un principe d’économie de moyens, Anthony McCall affirme la spécificité du cinéma dans ses propres composantes, à savoir le phénomène de projection lui-même, et privilégie une dimension à la fois performative et processuelle (l’œuvre s’énonce telle qu’elle est et s’expose telle qu’elle devient). À la différence des premiers Solid Films, les installations récentes d’Anthony McCall sont réalisées non plus à partir de formes géométriques simples, mais de combinaisons de lignes et de courbes sinusoïdales oscillantes. Ces films, à travers des formes plus complexes et irrégulières, impliquent un processus de visualisation différent par rapport à Line Describing a Cone, notamment : mémorisation de ce qui s’est passé et anticipation de ce qui va se produire. Le changement de motif s’accompagne de l’adoption d’un nouveau mode de projection. Les premiers films étaient directement tracés à la surface de la pellicule au moyen d’un stylo bille, d’un compas et de gouache blanche. Aujourd’hui, les films d’Anthony McCall ont une dimension technologique. L’artiste utilise des logiciels de design : pellicules et projecteurs 16 mm ont été troqués contre fichiers numériques, ordinateurs et vidéo projecteurs. Les films d’Anthony McCall ne se réduisent pas à l’élucidation de leur propriété formelle : les " sculptures " apparaissent en réaction au lieu d’exposition. Le spectateur fait alors l’expérience de la lumière – une expérience matérielle -: il est invité à frôler le faisceau, lui tourner autour, le traverser et à aller se glisser en son centre. Pour que l’expérience soit totale, elle doit être à la fois intérieure et extérieure. Exposition / Between You and I et autres films de lumière solide Sur une proposition de l’Institut d’art contemporain, Anthony McCall présente pour la première fois trois films simultanément, développant ainsi une réflexion sur la question même de l’exposition. Doubling Back (2003), Turning Under (2004), et You and I, Horizontal (2005) sont issues des œuvres des années 70 – temps et espace réels, projections réalisées dans une brume évanescente, cycle de vingt à trente minutes –, et les réinterrogent. Moins sur le mode d’un parcours traditionnel que sur un principe de distribution, Anthony McCall fait se répondre ces trois œuvres dans l’espace de l’Institut d’art contemporain. D’autre part, l’IAC propose l’installation ponctuelle de Between You and I (2006), une œuvre monumentale, dans un espace extérieur aux dimensions appropriées. |
informations pratiques : Événement Mercredi 15 novembre 2006 à 21h – entrée libre Présentation de Between You and I (2006), le soir du vernissage, au Transbordeur (3 boulevard Stalingrad, 69100 Villeurbanne). Conférence – projection Philippe-Alain Michaud Jeudi 14 décembre 2006 à 19h – entrée libre cinéma attitude (pour une histoire élargie du cinéma) Dans le cadre de l’exposition d’Anthony McCall, l’Institut d’art contemporain propose à Philippe-Alain Michaud, conservateur cinéma au Musée national d’art moderne, d’inaugurer par une conférence – projection un cycle consacré au cinéma expérimental. Institut d'art contemporain 11 rue Docteur Dolard 69100 Villeurbanne 04 78 03 47 00 Horaires : Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h - nocturne le jeudi jusqu’à 20h |