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Rétrospective
du 23 septembre au 19 novembre 2006
Hôtel des arts - Toulon
Tapiès : "Vive la vie !"
Tapiès a retourné le cri fasciste de "Viva la muerte ! " en "A bas la mort ! " au siècle dernier.
Il y a plusieurs décennies, à l'époque de la guerre civile espagnole, il est adolescent.
Tuberculeux, il combat une lésion pulmonaire à 20 ans. Lorsqu'il découvre la peinture, c'est par le surréalisme qu'il exprime son angoisse métaphysique. Puis dès les années 50, c'est le grand chambardement.
Le tableau est travaillé "à plat". Les objets entrent dans sa peinture. Puis viennent les graphes, les lettres et les sigles. Antoni Tapiès est mort. A.T. est né à la peinture de l'après-guerre.
Le noir, le brun, les tons de terre envahissent l'espace pictural. L'Espagne ancestrale résonne du son lointain de l'affrontement tragique avec le Tout et le Rien.
La mort et la vie, le désir et le néant... Comme Miguel de Unamuno, Tapiès nous rappelle par delà les particularismes, "au sentiment tragique de la vie".
Les croix, les os, le doigt pointé, "le sud" (titre de l'un des tableaux de l'exposition actuelle) sont là pour nous renvoyer, si on les avait oubliées, aux évidences de la "théologie naturelle".
L'esprit refuse le néant parcequ'il expérimente l'éternité, c'est à dire la création sentie, vécue et pensée, à chaque seconde.
L'exposition rétrospective 1980- 2006, de l'Hôtel des arts le démontre, magistralement.
Non, l'homme Tapiès n'est pas un accident de l'histoire de l'art actuel, mais une nécessité incontournable.
L'oeuvre nous le prouve. Nous ne sommes pas là pour "rien". Il y a quelque chose à défendre encore et toujours. Tapiès, comme tout le monde, lutte pour la vie, mais lui le sait plus que jamais aujourd'hui.
Pierre Givodan
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voir aussi : notre dossier Antoni Tapiès