(La distance de l’acte à la cause est infinie) Je fais quelque chose et des années après je comprends la cause de mon acte. J’achète un livre, et cinq ans plus tard je saisis ce qui était en jeu dans cet achat. Je comprends ce que dit l’auteur et je me comprends mieux… Il y a ainsi des milliers de jours qui peuvent séparer un acte de sa cause. C’est pourquoi tout acte n’a de valeur que relative ; l’acte de créer qui s’éclaire dans les lointains, l’acte moral, immoral, politique ou autre. Cette notion d’écart de temps nécessaire pour percevoir le sens caché des choses est sans doute fondamentale. Cette longue distance nous donne à penser toutes les limites qui constituent notre condition. La « chute n’est sans doute rien d’autre que cela. Le mythe nous rappelle que nous sommes bien loin de savoir tout ce qui nous sépare d’une hypothétique coïncidence avec soi, le monde, etc. Alors, que diable, un peu de tolérance ! Ce qui ne veut pas dire évidemment d’accepter le n’importe quoi en art, en société, etc. Mais bien au contraire de toujours essayer de situer les actes, les faits, les œuvres, par rapport à un avenir encore mystérieux. Cela s’appelle de l’anticipation et un effort de jugement éclairé et plus libre au regard des valeurs admises, de tous bords, aujourd’hui . |