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La preuve par le "Grand verre" L'Ultime ready-made (4) |
"De même qu’un agriculteur biologique ne pourra en aucun cas redevenir un paysan, même s’il fait les mêmes gestes aujourd’hui qu’hier. Son savoir n’est définitivement plus un savoir-faire implicite transmis par la tradition avec son lot d’obligations, mais un savoir réfléchi et collectif basé sur le choix, la science et la démocratie étant passées par là, de même le peintre devra savoir que l’art de notre époque, après Duchamp, est de se construire un espace intérieur, et tant mieux si, lui, utilise cet excellent medium qu’est la peinture mais qu’il sache que ce n’est pas le seul. Et surtout que cela ne peut se faire que sous l’auspice du « no jury, no prize » et non à courir après l’oxymorique prix Marcel Duchamp."
Ce texte est extrait de La preuve par le "Grand verre" dernier volet de l'Ultime ready made écrit par un Anonyme. Il illustre pour une part son point de vue. Son propos cependant se développe sur plusieurs pages.
L'auteur anonyme de cette "oeuvre" écrite a connu dépit et frustation parce qu'il s'est senti empêché de peindre. Il a ainsi infiltré toujours plus loin les causes de ce qui s'érige en obstacle dans le contexte de l'art actuel.
Qui a t-il rencontré sur ce chemin ? Marcel Duchamp en personne sur lequel comme en passant il fait peser un soupçon : "je pencherais, pour ma part, à sentir une forte amertume chez cet artiste qui se rêvait Leonardo sous le bec auer de son enfance (dessin 1903) en entrant à la postérité au bras d’une pissotière. Mais ceci, je le concède, est affaire d’interprétation !"
Dans quatre textes (L'ULTIME READY MADE, EXEGESE DE LA PASSION DE L'ARTISTE texte critique , CERTITUDO SALUTIS, Nouvelle exégèse de L'ultime ready-made et de Exégèse de la Passion de l'Artiste, LA PREUVE PAR LE "GRAND VERRE") l'anonyme maître duchampien déroule à travers une critique très soigneuse des productions et de la place en art de Duchamp un état des lieux de l'art. Il observe plus particulièrement le couple art/artiste, il pose sur les deux plateaux de la balance esthétique le goût et l'ironie, il mesure le profit des refusés à l'aune de l'immortalité . Il dévoile la relation Duchamp/femme.
On peut aussi penser que l’urinoir aurait été sciemment choisi par Duchamp pour son profil évoquant la « Joconde ». Hypothèse rendue très intéressante par Jean Clair nous enseignant qu’en dialecte de l’Italie du nord « mona » est un terme familier pour désigner le vagin et « lisa »le féminin de « liso »qui veut dire lisse, sans poil. L’urinoir comme vagin sans poil est une « mona lisa », c’est tentant, encore eut-il fallu que Duchamp le sache ! Je n’en mettrais pas ma main à couper et miserais plutôt sur l’intuition graphique. En tous cas, lorsqu’il crée, en 1965, alors qu’il met la dernière main à « Etant donnés… » la carte à jouer intitulée « LHOOQ rasée », c’est bien encore une indication sur la double nature du corps féminin nu d’ « Etant donnés… » qu’il nous donne : ce corps nu rasé est l’ urinoir comme Joconde du 20° siècle.
Profanation, trivialité révèlent finalement chez les auteurs un état de servitude et de dépendance aux conventions même quand ils les produisent eux mêmes et qu'elles relèvent d'une certaine modernité.
Peindre ou ne pas peindre n'est pas la question, nous sommes bien d'accord avec l'anonyme. Posséder un urinoir ou plusieurs n'est plus un problème, même si on continue de le tenir cacher derrière la porte des WC. Mais peindre aujourdhui, aimer la peinture celle d'hier et même celle d'avant hier nous paraît une liberté à reconquérir. C.P. |
L'oeuvre dans son intégralité : L'ULTIME READY MADE œuvre d'art immatérielle, gratuite et anonyme - En trois parties Lire suivi d'un texte critique Exégèse de la Passion de l'Artiste et de CERTITUDO SALUTIS, Nouvelle exégèse de L'ultime ready-made Lire Dernier volet : La preuve par le "Grand verre" Lire "Un anonyme à l'oeuvre" dans notre dossier De la critique à l'esthétique |