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Albert King
La flamme bleue
L’homme a un jeu de guitare fluide et vif et chacun y reconnaît la pâte du vieux Chevalier du blues. Il aime s’accompagner de cuivres et d’une section rythmique forte, toujours à ses talons autant que sa voix est furieuse et lyrique. Albert King a un swing qui rappelle celui des plus grands géôliers de l’infâmant blues. Il est toujours prêt, comme on peut l’être pour une rencontre inédite. On se sent en accord avec ses improvisations détachées, cristallines et sans trou.
Avec lui le blues a conquis la reconnaissance générale. Il n’y a rien qu’il puisse faire sans gagner l’approbation de tous les honnêtes amateurs. Il nous conduit toujours plus loin sur les routes désertées du lointain souvenir de jours meilleurs. On rêve de lui dire notre satisfaction de l’entendre parler d’un ton si dégagé d’amour et de ballades enchantées sans fâcheries. C’est là sa charité.
Ainsi le moment est venu de lui faire savoir qu‘il tient sa place dans notre petit panthéon car il nous rend le fameux service de nous réconcilier avec toutes les « chéries » du monde. Et l’on adore son cœur franc.
Alors le moment de liberté et de bonheur passé, on reste là à se demander comment le présent peut être à ce point préservé, non souillé, par ce sire qui n’a rien d’un félon. C’est sans doute qu’il retourne sans hâte à la maison de ses frères avec gaieté, jamais abandonné à la lassitude, décoré du costume des prisonniers du bon temps qui ne craignent pas les vertiges des cœurs chavirés.
PG
Parmi les bontés d’Albert King apparaît « Albert » (Tomato,1989).
photographie Kevin Reynolds
voir aussi : Albert King dans Wikipedia
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