Art contemporain : un regard lavé de tout soupçon sur l'actualité des expositions, des salons, des événements culturels en France et en Europe.
J-M Scanreigh, En nos pays muets
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L'image chez Scanreigh, comme chez tous les grands artistes, tend ainsi à instaurer un rapport nouveau de l'homme au monde. Dessins et couleurs détruisent les descriptions " objectives ", les uns et les autres ne forment plus des images de quelque chose. C'est pourquoi dans ses divergences une telle recherche est fascinante. Nous perdons soudain la propension à reconnaître, nous enfonçons notre perception dans le connaître : pénétration intérieure par l'aventure de l'oeil au sein des formes et des couleurs qui fractionnent notre conscience au sein de la donation de cette expérience--limite. En éprouvant ainsi une contradiction entre ce que nous connaissons et ce qui soudain nous est donné de connaître surgit - sans que nous en ayons à proprement parler conscience - la réincarnation de réminiscences provoque un doute. Le spectateur se pose alors la question la plus sensible face à l'oeuvre d'art voire face au monde : " Vois-je ce que je suis ou suis-je ce que je vois ? ".
Scanreigh opte pour le second terme et nous induit à cette proposition et cette distinction. Le moi du spectateur - comme celui du créateur - se vit ainsi en une telle image et il participe au déploiement de sa matière sensuelle plus que sensorielles. Au bout de cette " épreuve " et aussi de ce plaisir se découvre une vision autonome qui nous rappelle que le réel n'est pas plus objectif de l'art, mais que plus nous multiplions nos rencontres avec des oeuvres (comme celles de Scanreigh) plus notre présence au monde devient plus efficient. Dégagé de ses propres parenthèses, le spectateur bénéficie alors d'un supplément d'être. | |
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informations pratiques : Galerie Elsa Lorente | |
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