"La main dessine"
Espace Ecureuil - Toulouse du 03 novembre au 23 décembre 2005 |
Valerio ADAMI Studio per una biografia racontada in una clinica, 1970/71 Acrylique sur toile 198 x 148 cm copyright galerie Serge laurent |
Valerio Adami est un peintre emblématique de la Figuration narrative. L'exposition de Toulouse est organiséee autour du thème de la figure littéraire, omniprésent dans son œuvre. Pour cet artiste, le dessin, acte primordial de la création plastique, se pense comme la phrase en littérature ; il s’agit là d’un acte d’écriture. |
Valerio Adami est l’une des figures maîtresses de ce qu’en histoire de l’art, on a appelé la Figuration narrative, dans les années 60 – 80.
Pendant les années d’après guerre, la peinture abstraite arrive en force dans les galeries et les musées français (et européens). En réaction à ce qui peut paraître comme une pratique obligée si l’on veut être un peintre qui expose, un groupe d’artistes, vingt ans au milieu des années cinquante, commence à revendiquer une nouvelle figuration. Elle sera bien sûr celle de l’après abstraction, c’est-à-dire ne reniant en rien cette période, au contraire.
La Figuration narrative est riche des audaces picturales : coloristes et spatiales qu’a su apporter l’abstraction. Mais elle s’attachera au sujet dans la toile. Le tableau comme lieu où raconter une histoire. Retour donc à la figure, aux corps, aux paysages, souvent urbains, et à la vie quotidienne et sociale des années en cours. Peinture résolument contemporaine, donc.
Valerio Adami, né en Italie, partage son temps entre Paris, Monaco, et le lac Léman. Grand voyageur, sa peinture évoque souvent ses rencontres étrangères. Pour lui, la peinture, la littérature, la musique, la philosophie ne font qu’un. Il s’agit de rendre compte des histoires du monde, le sien intime, l’autre le vaste, les deux mélangés. Sa peinture est donc nourrie de références : personnelles (ses voyages, ses rencontres…), ses lectures (la mythologie, Thomas Mann, Tolstoï…), son goût pour la musique, ses amis (Jacques Derrida, Luciano Berrio…).
Chaque toile d’Adami est l’étape finale d’un travail qui aboutit à un dessin d’environ 45 x 35 cm. Ce dessin est fidèlement agrandi au format de la toile, la couleur vient s’y poser. Le dessin est le résultat d’un long processus, une ligne en entraîne une autre, une ligne apporte une idée nouvelle, une autre image s’amorce, continue la précédente, la main avance. Le dessin est alors « rempli » mais loin d’être fini. Valerio Adami se saisit d’un nouvel outil fort important : la gomme. Enlever, retrancher, est l’étape qui fait d’une esquisse, une œuvre. Dans un entretien donné à Daniel Arasse, ne dit-il pas qu’il « dessine avec la gomme ».
La couleur vient, ensuite, dire s’il fait froid, s’il fait chaud, si le moment est gai, dramatique, si le personnage est d’humeur légère ou pensive… La couleur représente (au sens où l’on dit que la peinture est représentation) la douleur, l’ennui, le mensonge, l’envie, le bonheur … Elle est outil représentatif de l’allégorie.
« Je crois, en définitive, que savoir peindre ne veut dire que savoir représenter. Représenter une idée devient un idéal. Je puis dans ma mémoire plus que je ne le souhaite. Si l’on ôte à la peinture la mémoire et la faculté de se souvenir, elle végète dans un corps comateux. Côte à côte, volonté de voir et volonté de l’idée. Et, dans cette confrontation, la main dessine. » Valerio Adami, Dessiner, la gomme et les crayons, Galilée, Paris, 2002 Sylvie Corroler |
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