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28 janvier 2006 6 28 /01 /janvier /2006 09:50
LA SOURCE
 

La source est une association qui a une vocation sociale et artistique. Elle organise dans le sud de l'Eure (La Guéroulde) et dans le Val d'Oise (Domaine de Villarceaux) des ateliers artistiques pour les enfants en grande difficulté. Elle organise également des classes artistiques, ainsi que de grandes expositions annuelles où sont présentées les oeuvres réalisées en ateliers, avec le parrainage de personnalités du show business. Elle travaille également sur le lien familial, via des ateliers parentaux. Enfin, pour compléter les aides et subventions publiques et privées dont elle bénéfifie, La Source organise chaque année une vente aux enchères qui propose des oeuvres originales signées de grands créateurs.

 

Lundi 23 janvier Mathieu Vidard s'est entretenu avec Gérard Garouste sur France Inter.

Ecouter l'interview

 

Le 12 mars 2003, le journal L'Humanité présentait Gérard Garouste comme "l'homme du jour". Pourtant la création de l'association La Source par l'artiste date de 1990.

 

 

Le peintre et sculpteur a accepté de parrainer la campagne " Envie d’agir ", lancée officiellement par le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry. Né le 10 mars 1946 à Paris, Gérard Garouste vit et travaille à Marcilly-sur-Eure. Artiste d’exception, il s’intéresse très tôt à toutes les formes d’expression artistique : dessin, peinture, sculpture, gravure, et ses ouvres voyagent dans le monde entier, de la France jusqu’aux États-Unis, en passant par le Japon, la Tchécoslovaquie ou la Hongrie. Quelques-unes de ses oeuvres sont d’ailleurs entrées à l’Élysée sous l’ère mitterrandienne. En 1990, il crée l’association La Source, dans l’Eure, où il s’occupe de réinsertion de jeunes en difficulté. Père de deux fils, de vingt-deux et vingt-sept ans, il espère que ces " déglingués " de la vie, comme il les appelle, " prennent eux-mêmes leur avenir en main " et s’engagent dans des mouvements associatifs, humanitaires, culturels ou citoyens. Envoyés par les assistantes sociales ou la justice, quelque 5 000 jeunes passent chaque année à La Source, où des ateliers artistiques sont dirigés par des peintres, des chorégraphes, des sculpteurs. " Le but est de valoriser les jeunes ", dit-il, en évoquant les enfants qui arrivent à La Source et " se découvrent " grâce à l’expression artistique. " Leurs projets sont toujours présentés en public ", dit le peintre, qui a aussi travaillé avec des détenus à Lyon. Salué par l’Éducation nationale, le concept a eu tellement de succès que d’autres structures sont en train de voir le jour sur le même modèle partout en France. " Ma génération est au pouvoir, et je suis, moi aussi, responsable de la misère ", dit-il.

 
voir aussi : le site de La Source, notre dossier sur Gérard Garouste
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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 16:59
Décès de Pierre Gaudibert, conservateur et critique d'art
 

Pierre Gaudibert, écrivain et critique d'art, qui avait créé la section contemporaine du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, est mort lundi à l'âge de 77 ans, a-t-on appris mardi auprès de sa famille.

 

Pierre Gaudibert avait créé en 1967 l'ARC (Animation - Recherche - Confrontation),  section contemporaine du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, dont il avait assumé la direction jusqu'en 1973.

 

L'ARC, grâce à l'impulsion d'un homme considéré comme un visionnaire dans le milieu artistique, avait été immédiatement pluridisciplinaire, mélangeant danse, musique, cinéma et arts plastiques.

 

Pierre Gaudibert avait notamment lancé le mouvement de la Figuration critique, issu de la Figuration narrative de Jacques Monory ou Gérard Fromanger, apparue au début des années 60 et caractérisée par un retour à la figuration.

 

Conservateur à Grenoble, il y avait créé un centre culturel pour l'art du Maghreb dans les années 80. Spécialiste notamment de l'art africain contemporain, il avait écrit en 1994 un ouvrage de référence sur le sujet. 

 

Ses obsèques auront lieu lundi après-midi prochain au cimetière parisien du Père-Lachaise.

 

Cette information, nous est communiquée par Michel Dubois de la galerie le Garage 9, rue de Bourgogne 45000 Orléans
 
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3 janvier 2006 2 03 /01 /janvier /2006 12:11
La peinture est-elle un métier ?
 

Nous avons fini l'année 2005 en compagnie de Marie Sallantin (cf. notre article du 31 décembre), elle a souhaité prendre la parole pour dire ce qui serait vraiment "une bonne nouvelle pour commencer l'année 2006 !".

 

« la peinture n’est plus rien d’autre qu’un métier, mais c’est un métier tout à fait extraordinaire qui permet de faire passer un message, une information , non de l’ordre de la vérité mais d’un questionnement » 
« Il est donc possible de retrouver cet état d’esprit qu’il y avait à la Renaissance et de faire une peinture qui soit au service d’une philosophie, d’une métaphysique, d’une religion ou d’autre chose. Notre époque moderne se trompe parce qu’elle glorifie la peinture et les artistes…. »
Artabsolument n°14 Entretien avec Gérard Garouste



La peinture relève en effet d’un long apprentissage commun aux peintres et aux regardeurs de tableaux. Ce sont eux qui font le tri entre un tableau très technique mais sans intérêt et un tableau où la technique s’efface devant le génie ou le talent de son auteur.


Aujourd’hui beaucoup de talents et de génies sont pointés dans beaucoup de disciplines et les medias en rendent compte. Est-ce le cas pour la peinture en France ? D’ailleurs, regarde-t-on vraiment les tableaux dans le contexte devenu coutumier du non-art à force d'aide publique? N’est-ce pas devenu une discipline presque clandestine ? A mon avis, si notre époque se trompe, c’est d'avoir « glorifié » dans les arts plastiques ce qui tourne en dérision le sérieux de l’art. C'est le cynisme qui reçoit tous les honneurs encore aujourd'hui et qui donne des leçons. Ne lui fait-on pas une place au Louvre? Si le temps n'est plus celui de « glorifier » des peintres mais plutôt une poignée d'artistes, pour cette fois ils auront eu (les peintres) cette chance d’échapper au ridicule de l'académisme couronné.


S’il est aujourd’hui possible de retrouver un état d’esprit qu’il y avait à la Renaissance, ce serait une bonne nouvelle pour commencer l'année 2006! Ne serait-ce pas saluer plus qu'un retour, un retournement, celui d'une curiosité intense et d’un travail incessant menés par des artistes plus soucieux de progresser avec modestie dans leur art (quelle que soit la discipline) que de se mettre en avant? Un retournement qui voudrait dire que l’on convient peu à peu du désastre que suscite tout pouvoir lorsqu'il célèbre la fainéantise et la vantardise. Un appel d'air. Chacun pourrait reprendre son métier.

voir aussi : notre article du 31 décembre 2005

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22 décembre 2005 4 22 /12 /décembre /2005 09:15
Argent et Liberté
 

"PEU AVANT minuit (le 21/12/05), les députés ont créé la surprise en adoptant, contre toute attente, des amendements légalisant les échanges de fichiers sur Internet via le système «peer to peer». Ce résultat, obtenu sur le fil, a semé une telle zizanie que la discussion du projet de loi sur les droits d'auteur a dû être suspendue. L'Assemblée a en effet adopté, contre l'avis du gouvernement, deux amendements identiques en ce sens.


Ces amendements à l'article premier du projet de loi, article consacré aux exceptions au droit d'auteur, étendent à l'Internet les exceptions pour copie privée en prévoyant en contrepartie une rémunération des artistes. Cela revient à autoriser les copies pour des usages non commerciaux et, donc, le téléchargement par échanges de fichiers de films ou de musique par le système P2P. C'est en, quelque sorte, un premier pas vers la «licence globale» ou «légale» appliquée à Internet. Cette solution, qui fait terriblement peur à l'industrie du disque, permettrait, moyennant paiement, un téléchargement légal sur Internet. "

 

Voici ce que nous avons lu dans le Figaro ce matin.

Les termes du débat sont bien posés. Les députés ont pris la décision d'autoriser les copies pour des usages non commerciaux et ont pris ainsi à contre pied le projet de loi défendu par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres.

Nous ne pouvons que nous féliciter à notre tour. Le libre accès grâce à l'internet à une masse d'informations et de documents est le garant de notre liberté intellectuelle. Il était bien évident que le gouvernement français sous prétexte de redéfinir le droit d'auteur défendaient les droits commerciaux des grandes industries.

Ce que Maurice Ulrich nous explique très bien aujourd'hui dans l'Humanité :

 

"En trois semaines, une pétition lancée sur Internet et opposée au projet a déjà recueilli plus de cent mille signatures de particuliers et de 600 organisations. Elle a des échos dans de multiples milieux, et pas uniquement, loin s’en faut, chez les jeunes téléchargeurs de musique mais chez les chercheurs, les universitaires et nombre d’utilisateurs d’Internet. Car avec les inquiétudes pour les libertés soulevées par le contrôle de l’utilisation des fichiers il s’agit d’une question majeure touchant aux droits d’auteurs et à la propriété intellectuelle. Lesquels droits d’auteurs sont en fait devenus, au fil des années avec la révolution numérique, les droits des majors. On croit payer pour la création mais on paye pour les industriels. Ce sont eux, notait récemment Bernt Hugenholtz, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle, que protège la directive, « son but est avant tout de défendre les intérêts de l’industrie cinématographique ou musicale ». Or, les auteurs, poursuivait-il, peuvent avoir « des intérêts très différents », être protégés, certes, mais aussi accéder aux oeuvres des autres.

 

Sauf que la notion d’auteur, sous la pression des grands groupes, est devenue très élastique. En 2003, l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle élaborait la notion de copyright d’industries, réunissant sous le chapeau des droits d’auteur les activités de création, production, distribution et vente des oeuvres de l’esprit. La définition englobant donc aussi bien la littérature et les arts plastiques que le cinéma, la vidéo, la musique ou la production de logiciels tels le fameux Windows de Microsoft. Lequel donnera naissance dès l’année prochaine à Windows Vista, équipé de systèmes qui ne permettront l’accès de certaines zones qu’à d’autres logiciels autorisés.

 

Les enjeux financiers sont énormes...  

Mais plus profondément l’enjeu de cette prise de contrôle va au-delà même des exigences financières. La logique profonde de ce qui pourrait se mettre en place, c’est de ne laisser aucune place dans le Net à tout logiciel non autorisé, à tout produit n’ayant pas l’agrément des possesseurs des tuyaux comme des contenus. Ce pourquoi nombre de chercheurs et d’universitaires, utilisateurs de systèmes échappant aux grands groupes, tel Linux, s’élèvent contre le projet de loi. Comment ne pas penser par ailleurs qu’une telle maîtrise de la production, puis de la distribution et enfin de la possibilité de choix du consommateur, ne va pas dans le sens d’un formatage massif de la production intellectuelle. Ce qui s’est passé en matière de cinéma, avec la domination hollywoodienne peut parfaitement se passer sur le Net. Protéger les produits, gérer les accès, c’est aussi les conduire et les guider, ouvrir des passages et en fermer d’autres."

 

Les députés l'ont bien compris et nous en sommes soulagés , l'enjeu n'est pas le piratage informatique, mais  la possibilité du partage des connaissances et de la culture.

Il n'en demeure pas moins que au côté des artistes, des créateurs, des auteurs  qui savent   intimement que dès lors que leur travail possède une "valeur" , il est systématiquement copié  ou exploité,  nous voyons la nécessité de réaffirmer  la notion de propriété intellectuelle. Notre société mondiale est marchande.  Que  les oeuvres  d'art  pour une infime part d'entre elles soient des objets de spéculation  ne doit pas dissimuler la grande misère d'une majorité de créateur et d'artistes qui se sentent à juste titre pillés.

 

voir aussi : Le journal Le Figaro, le journal L'Humanité, le site de l'association EUCD pour la sauvegarde du droit d'auteur ,   pour des arguments technologiques sur le sujet le Monde de l'Informatique

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22 décembre 2005 4 22 /12 /décembre /2005 00:00
Le silence comme politique pour les arts plastiques
 

Au moment de la FIAC (oct.2005) et pour la première fois depuis longtemps, un premier ministre faisait part de son attention aux arts plastiques et annonçait une série de mesures pour soutenir l’art contemporain. S’interrogeant sur « comment redonner toutes ses chances à la création en France ? », M. de Villepin réaffirmait la mission des pouvoirs publics de « soutenir nos créateurs et de défendre leurs droits » et citait plus particulièrement l’adaptation de « notre législation sur les droits d’auteur, pour continuer à assurer, dans un environnement technologique nouveau, les droits des créateurs et la propriété intellectuelle. »



Effet d’annonce ou véritable politique en faveur des artistes plasticiens ? Nous sommes en droit de nous interroger lorsque nous constatons que sur les droits d’auteurs des artistes, le ministère de la culture oppose à nos attentes une inertie dilatoire ou reste muet. Droit de présentation publique ou d’exposition, droit de suite, droit de reproduction, dans chacun de ces cas, les artistes attendent toujours que le ministère de la culture prenne position concrètement en faveur de leurs droits.



Un rapport sur l’application du droit de présentation publique, rendu au ministre de la culture en février 2005, est gardé secrètement dans les tiroirs du Ministère. Selon le délégué aux arts plastiques, M. Olivier Kaeppelin, il ne pourrait pas être communiqué, car il serait discuté entre « professionnels » ; « professionnels », que ne seraient donc pas les artistes, ni les associations d’artistes, qui ont participé à la recension des données chiffrées de ce rapport, ni encore leurs organisations professionnelles dont les demandes sont à l’origine de ce rapport. Nous ne pouvons voir dans cette volonté de dissimuler les outils destinés à ouvrir un large débat que la crainte constante du ministère de reconnaître et de faire face à la situation paradoxale des artistes. Auteurs et premiers acteurs de l’art contemporain, les artistes sont aussi les plus précaires et les seuls dont les droits sont régulièrement bafoués. Il semble ainsi normal qu’ils supportent financièrement la gratuité soi-disant nécessaire à la présence et à la promotion des arts plastiques.



Dans son discours, M. de Villepin pointait la « préoccupation » des acteurs de l’art contemporain sur l’application du droit de suite en vertu de la directive européenne 2001/84/CE du 27 septembre 2001. Ce droit permet aux artistes de bénéficier, par l’octroi d’un petit pourcentage, de la plus value prise par leurs œuvres lorsque celles-ci sont remises en vente. Depuis une réunion de concertation en février 2005, le ministère de la culture se garde bien de faire connaître ses intentions quant au seuil et au taux du droit de suite qui doit s’appliquer sur les reventes d’œuvres des artistes vivants dès le 1er janvier 2006. C’est en tout état de cause prendre la mesure « des demandes légitimes des artistes », que souhaitait le premier ministre.



Les 20 et 21 décembre, l’Assemblée Nationale examinera en procédure d’urgence le projet de loi relatif aux droits d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information. Un certain nombre d’amendements, déposés par MM. Joyandet (UMP), Dionis du Séjour et Baguet (UDF), remettent en cause le droit de reproduction et la rémunération afférente des artistes plasticiens. Ces amendements prônent l’abandon du droit de reproduction des œuvres sans aucune contrepartie lorsque celles-ci feraient partie « de l'actualité traitée » ou « dans un cadre d'information », c’est-à-dire dans un cadre si large et si peu défini qu’il ouvrira soit de multiples procédures judiciaires, soit l’extinction du droit de reproduction. L’adoption de ces amendements aboutirait également pour la première fois à une déliaison automatique entre l’auteur et son œuvre : un premier pas serait ainsi franchi provoquant in fine un affaiblissement inquiétant du droit moral des auteurs.



Ces amendements, proposés sous la pression du Syndicat de la presse magazine et d’information (SPMI), soutenu par France Télévision, au nom d’une information qu’ils n’ont jamais mise en œuvre pour soutenir l’art contemporain, s’appuient encore une fois sur la supposée promotion des œuvres et des artistes auprès des publics. Ils méconnaissent la précarité des artistes et ils banalisent le non-respect de leurs droits d’auteurs, en ouvrant une banque d’images gratuites. Ils tentent de légitimer la règle constante et aporétique que l’accès gratuit aux œuvres développerait un marché dont on oublie que les mécanismes sont bien étrangers à cette volonté d’illustration des magazines.

 

Le ministre de la culture n’a jamais énoncé, en réponse à des interrogations multiples, une position ferme du gouvernement contre ces amendements. Il ne dit mot sur les autres droits d’auteur des artistes : le silence lui tient lieu de politique pour les arts plastiques. C’est une lecture nouvelle et audacieuse de sa mission que rappelait le premier ministre : « soutenir les artistes et leurs droits ».

Antoine Perrot
Président de la Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens (FRAAP)

 

voir aussi : www.fraap.org, notre article sur le débat autour du droit d'auteur

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30 novembre 2005 3 30 /11 /novembre /2005 00:00

Les Lettres Françaises

 

Hebdomadaire fondé en 1942 par Jacques Decour et Jean Paulhan, Les Lettres françaises ont cessé de paraître en 1972. Jean Ristat les ressuscite une nouvelle fois, en mars 2004, comme supplément mensuel à L’Humanité. « La résistance intellectuelle, écrit-il, est plus que jamais à l’ordre du jour. » 

 

Nous avons extrait du mensuel de janvier 2005 :

 

 

 

par Gérard-Georges Lemaire


Histoires d’avant-garde : un débat sans fin 

 

L’avant-garde est-elle devenue un sujet d’étude académique ? Il faut le croire.

 

L’essai de Philippe Sers le prouve. Il tente de prouver que toutes les avant-gardes du début du XXe siècle ont en commun une « mécanique de pensée » correspondant « à un choix philosophique et moral ». Sont résumés, en quelques paragraphes, cubisme, futurisme, dadaïsme, abstraction, comme si ces termes recouvraient des réalités assez similaires. Or le cubisme exprime un point de vue strictement plastique, alors que le futurisme engage toute une représentation du monde et révolutionne tous les domaines de la création. Idem pour MM. les Dadas. Les choses sont donc plus complexes que l’auteur le fait croire : il y a par exemple un fréquent hiatus entre les déclarations et les manifestes de ces courants et les œuvres. L’auteur nous offre en somme une vision momifiée et simpliste favorisant une classification et une interprétation générale. À manipuler avec la plus grande méfiance.

 

De son côté, Laurence Bertrand Dorléac a choisi d’adopter le point de vue documentaire dans l’Ordre sauvage. Elle s’attache à décrire l’importante mutation du champ de l’expression artistique sur une scène, au sens propre ou au sens figuré (le monde devient le théâtre de l’art). Elle analyse les débuts de ce qui est appelé happening ou performance et qui, déjà, pendant les années cinquante, bouleverse les codes de la relation esthétique. Ce travail est remarquable par son sérieux, mais aussi par son intelligence, qui se traduit par une conscience de ce qui mérité de s’inscrire dans la mémoire de l’art de ce temps et une extrême finesse d’analyse. Les actionnistes autrichiens (à commencer par l’épouvantable Otto Muehl), les nouveaux réalistes placés sous la houlette de Pierre Restany (Niki de Saint Phalle, Tinguely, les incroyables actions d’Yves Klein, son « vide » et son « plein »), Joseph Beuys et tant d’autres sont ici placés dans des perspectives telles qu’on peut reconstituer le sens de leurs spéculations dans le contexte de l’époque. Écrite avec beaucoup de sagacité, cette étude est une excellente introduction au domaine paradoxal de l’art de l’éphémère qui aspire pourtant à l’éternité. Michel Corvin raconte l’histoire d’un festival unique en son genre : le Festival de l’art d’avant-garde qui s’est déroulé entre 1956 et 1960, d’abord à Marseille, puis à Nantes, enfin à Paris. Créé par le jeune metteur en scène Jacques Polieri, après avoir découvert l’architecture de Le Corbusier, celui-ci réunit autour de lui Béjart pour la danse, Michel Ragon pour les arts plastiques, Charles Ford pour le cinéma, et André Hodeir pour la musique. Cette aventure de courte durée a néanmoins été marquante : les principaux peintres abstraits de l’époque, Maurice Henry, Pierre Schaeffer et Xénakis, les lettristes et Romain Weitgarten, Tardieu et Ionesco : tels sont les noms qui ont alors figuré sur les affiches.

 

L’avant-garde était encore une sorte d’épopée. Il y a un autre point de vue possible là encore : celui de l’engagement. Labelle-Rojoux s’engage lui aussi dans la voie de l’historicisme. Il s’incline devant Marcel Duchamp, son saint patron (sans autre explication), et rappelle lesquels ont été les grands précédents de cette histoire de l’art projeté sur scène (une scène spécifique) - le futurisme, dada, le Bauhaus. On y retrouve les membres de Fluxus, Beuys et les incontournables actionnistes autrichiens. Et l’on remonte le cours du temps pour se retrouver en compagnie de Julien Blaine ou d’Orlan. Très bien documenté, il nous offre un vaste panorama de ces aventures qui, de marginales, sont devenues autant de modes incontournables et reconnus de penser et de manifester l’art à la fin du siècle dernier. Nécessairement partial, écrit avec vivacité, il fournit une source inépuisable pour découvrir ces expériences qui ont eu partie liée avec la musique et les autres formes de création.

 

Mais il y a encore une option possible : réécrire cette histoire de bout en bout. Marc Partouche le fait de manière brillante dans la Ligne oubliée. Il construit une logique à partir des Jeunes-France, brocardés par Théophile Gautier, de la bohème de Mürger, des Incohérents et des Hydropathes de l’époque du Chat noir (c’est alors qu’Alphonse Allais « invente » l’abstraction !). C’est évident : Partouche fabrique rétrospectivement des attitudes artistiques qui annoncent performers et esthètes de l’art instantané. Mais il le fait avec de solides connaissances et beaucoup de savoir-faire.

 

Reste la question de l’art contemporain. Est-ce un genre en soi ? Est-ce une catégorie autonome et est-il condamné à rester « contemporain » jusqu’à la fin des temps ? Avec une grande clarté et un sens aigu de la pédagogie, Jean-Luc Chalumeau, après avoir rappelé les diverses polémiques sur la question (Baudrillard, Jean Clair.), précise que cet art existe dans un paradoxe inouï : une volonté de provoquer et transgresser toujours plus grande pour une intégration immédiate au sein des institutions. Et il conclut qu’il n’a plus rien à faire avec l’art. En le suivant dans le dédale de ces modes de production codés presque hors de toute relation avec le public, on est en droit de se demander s’il n’y a pas deux formes d’art de nos jours, celui des Anciens - qui seraient les Modernes ! - et celui des « contemporains » qui seraient à la fois nulle part et au centre du pouvoir symbolique du musée comme un parasite mortel.

 

 Gérard-Georges Lemaire

article paru dans le journal l'Humanité le 25 01 2005

 
 PARUTIONS
 

l’Avant-Garde radicale et ses nouveaux critères de vérité en art, Philippe Sers, eds les Belles Lettres, 302 pages, 27 euros

Festivals de l'Avant-garde, 1956,1960 Michel Corvin, eds Somogy, 328 pages, 45 euros.

L’Ordre sauvage, violence, dépense et sacré dans l'art des années 50 - 60 Laurence Bertrand Dorléac, coll.« Art et artistes », Gallimard. L’Acte pour l’art, Arnaud Labelle-Rojoux, Al Dante &, 656 pages, 27 euros.

La Lignée oubliée, Bohèmes, avant-garde et art contemporain de 1830 à nos jours Marc Patouche, Al Dante &, 384 pages, 18 euros. 

Histoire de l’art contemporain
, Jean-Luc Chalumeau, Klincksieck, 192 pages, 12 euros.

 
 L’Humanité, 32, rue Jean-Jaurès, 93928 Saint-Denis.
 
 voir aussi : , le site du journal L'Humanité, notre dossier Gérard-Georges lemaire
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15 novembre 2005 2 15 /11 /novembre /2005 00:00

 Il ne faut surtout pas confondre Maison des artistes et Maison des artistes

 

 

La FRAAP adresse un courrier de mise en garde à ses adhérants.

 

Les objectifs et le fonctionnement de l'association La Maison des artistes dont Rémy Aron est le président semblent peu clairs.  Elle n'est pas à confondre avec l'organisme de Sécurité Sociale/ La Maison des artistes.

 

On s'étonne par ailleurs que le journal Artension emboite le pas à la démarche improbable de cette association et se fasse l'écho des  propos injurieux dont elle arose les associations d'artistes.

 

Voici le courrier de la FRAAP

 
Chers amis,

 

Vous avez peut-être reçu un courrier de l’association La Maison des Artistes pour vous proposer d’être leur “ partenaire ” dans leur région. Au même moment Rémi Aron, le président de cette association, publiait dans la revue Artension une attaque en règle contre les activités associatives des artistes et notre fédération, dont voici un extrait :

 

“ C’est la Fédération des Réseaux et associations d’Artistes Plasticiens créée et présidée par Antoine Perrot, où figure surtout des associations subventionnées, pompeuses de la manne étatique et qui n’existeraient pas, bien sûr, sans celle-ci. Associations qui sont, pour cette raison même, parfaitement conformes, selon le Ministère, aux critères de représentativité et de “ qualité ” évoqués tout à l’heure. La FRAAP a obtenu, elle, 800 000 F de subvention pour ses États généraux de La Villette, Cette manifestation sans véritable public, sans suite ni résultats probants, n’a fait que montrer l’ambiguïté de la relation FRAAP – Institution, ce rapport un peu pervers d’adulation-détestation, cet assujettissement de la fonction de contestation. Avec la FRAAP, le Ministère s’adjoint une sorte d’organe officiel de contestation de lui-même parfaitement agréable et contrôlable. ” Rémi Aron, président de l’association la Maison des Artistes, dans le n°26 d’Artension, nov.déc 2005.

 

 

Nous tenons à vous faire part d’un certain nombre d’informations à ce propos et à attirer votre attention sur quelques points :

 

1) L’adhésion à l’association La Maison des Artistes, qui est facultative, ne doit pas être confondue avec la déclaration légale de votre propre activité professionnelle à la Maison des Artistes/Sécurité Sociale. La Maison des Artistes/Sécurité Sociale a son propre conseil d’administration, qui est élu par les affiliés de la Sécurité Sociale et non pas par les adhérents de l’association La Maison des Artistes. Le partenariat qui vous est proposé n’est donc pas comme vous pourriez le croire un partenariat avec l’organisme de sécurité sociale/Maison des Artistes, mais avec une association dont l’objet est peu clair.

 

2) En effet, les buts poursuivis par l’association La Maison des Artistes sont si peu clairs que le Ministère de la Culture et le Ministère des Affaires Sociales viennent de refuser les nouveaux statuts que cette association a votés en avril 2005. De plus, constatant les multiples dysfonctionnements de cette association, les deux ministères ont lancé une mission d’inspection conjointe pour tenter de clarifier les confusions qu’entretient délibérément l’association La Maison des Artistes. Les deux rapporteurs de cette mission (l’un pour le ministère de la culture, l’autre pour celui des affaires sociales) n’ont pas encore rendu leur rapport : l’attitude la plus prudente est donc d’attendre la publication de ce rapport avant de s’engager auprès d’une association dont les statuts ont été rejetés.

 

 

3) D’autre part, dans l’offre de “ partenariat ” qui vous a peut-être été faite, un certain nombre de points sont ambiguës :

 

- On vous demande de certifier que vous n’êtes pas engagé politiquement ou syndicalement. Ces engagements sont de votre ressort personnel et un droit inaliénable de chaque citoyen. Il n’y a aucune raison de répondre à ce type de questions. Surtout venant d’une association dont le président se vante partout d’être membre de l’UMP et dont au moins trois membres du bureau sont adhérents d’un syndicat : ce qu’ils se gardent bien de dire. Peut-être conviendrait-il de demander aux membres du bureau de l’association La Maison des Artistes d’attester qu’ils n’ont pas d’affiliation politique ou syndicale ?

 

- On vous demande de fournir votre dernier bilan ou compte. Vous n’avez là non plus aucune raison de le donner, l’association La Maison des Artistes n’est pas adhérente de votre association. Peut-être conviendrait-il de demander à l’association La Maison des Artistes la réciproque et de vous envoyer son propre bilan ?

 

- On vous suggère par exemple que les sujets traités, au cours d’un partenariat, seront l’ensemble des droits des artistes. Mais l’association La Maison des Artistes, n’étant pas une organisation professionnelle, ne siège pas dans les commissions au ministère de la culture et des affaires sociales. Par exemple : elle ne siège pas à la réunion trimestrielle des organisations professionnelles et syndicats avec le ministère de la culture ; elle ne siège pas à la commission professionnelle de l’organisme de sécurité sociale ; elle ne siège pas dans les comités des commandes publiques 1%. Ce sont les délégués des organisations professionnelles et syndicats qui y siègent. D’autre part, elle a défendu publiquement en février 2005 devant le Ministre de la Culture des positions qui sont contre les intérêts des artistes : elle est contre la possibilité de formation professionnelle continue des artistes ; elle est contre l’application du droit de suite à un taux favorable aux artistes.

 

- On vous propose une charte de partenariat, mais les obligations de l’association La Maison des Artistes en échange ne sont pas énoncées. Ce n’est d’ailleurs pas un partenariat puisqu’il est indiqué que l’Association Maison des Artistes peut vous “ accréditer ”, mais on ne sait pas pourquoi et dans quel but ?

 

 

Si vous le souhaitez, nous sommes disponibles pour répondre à vos questions à ce sujet. Nous pourrons en reparler lors de nos prochaines rencontres.

Nous avons demandé à la revue Artension de pouvoir répondre à l’entretien de Rémi Aron.

 

Bien amicalement,

Le Conseil d’Administration de la FRAAP

 
voir aussi : le site de la FRAAP
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11 novembre 2005 5 11 /11 /novembre /2005 00:00

Représentations visuelles et identités collectives

du samedi 12 au lundi 14 novembre 2005

 

à la Fondation Dar Bellarj (Marrakech)

 

Ce colloque est organisé par l'École Supérieure des Arts Visuels de Marrakech en collaboration avec l'Université Cadi Ayyad de Marrakech.


Ce Colloque est la première édition d’un rendez-vous régulier qui précèdera chaque année le début des cours et qui sera l’occasion d’inviter des intellectuels, des artistes et des professionnels à réfléchir aux liens entre création visuelle, identité et développement.


Qu’est ce qui fait la spécificité de la création visuelle au Sud de la Méditerranée, et notamment au Maroc ?


Quand on parle de films américains, iraniens, français ou indiens, tout le monde s’accorde à reconnaître que les différences ne sont pas liées uniquement à la langue parlée par les acteurs, ou aux décors dans lesquels les histoires sont filmées. Leur facture même les différencie. Que ce soit en termes de structure du récit, de rythme, de jeu d’acteurs, ou même de montage, ces cinématographies font des choix radicalement différents.


L’identité culturelle des futures réalisations des étudiants est-elle un fait acquis ?


Est-ce que cette question a un sens au-delà de la nationalité de ceux qui fabriquent les images ou de ceux qui les regardent?


Les futurs cinéastes, réalisateurs, concepteurs et artistes graphiques qui seront formés à l’Ecole Supérieure des Arts Visuels de Marrakech devront-ils revendiquer une manière de faire particulière eu égards à leur nationalité, à leur culture, ou à la localisation de leur école ?


Le lien entre création visuelle et culture est-il immédiatement reconnaissable, identifiable ?


Autant de questions qui suppose d’étudier de plus près la nature de ce lien dans l’histoire, et plus particulièrement dans les pays arabes et au Maroc, à travers plusieurs approches.


Ainsi tour à tour, les intervenants interrogeront

- la relation de l’image au sacré, son évolution à travers le temps, en fonction des divers bouleversements techniques, de l’apparition de l’imprimerie à celle du numérique.


-  les nouveaux enjeux qui se posent à la création audiovisuelle dans un monde globalisé où l’accélération des vitesses de transmission, l’impossibilité de contrôler les frontières de diffusion, la difficulté de réglementer la reproduction, sont en train de transformer définitivement et radicalement la relation de nos sociétés à l’audiovisuel.


- la place qu'occupent les chaînes de télévision arabes dans ce paysage audiovisuel mondialisé ? Quelle diversité de cultures et de points de vue offrent-elles à leurs publics ? Quelle place font-elles aux artistes et aux créateurs ?


Et plus largement ils se demanderont ce qu''il adviendra des identités culturelles des images et des sons ?

La création de l’Ecole Supérieure des Arts Visuels au Maroc, qui a pour mission de construire l’avenir de professions tout juste émergentes dans ce pays, est l’occasion toute désignée pour inviter penseurs, spécialistes et professionnels à réfléchir ensemble à ces questions.




Samedi 12 novembre :

Un colloque,  des intervenants


Régis Debray : Ecrivain et philosophe. Président d'Honneur de l'Institut européen en sciences des religions. Il crée et dirige de 1996 à 2003 Les Cahiers de médiologie et en 2005 la revue Médium.
Faut-il craindre la mondialisation des imaginaires ?
L’évangélisation par l’image a servi de moteur à la mondialisation du christianisme.
Tous les empires occidentaux ont eu recours à ce mode de propagation et de domination. Comment les autres identités peuvent-elles résister ?

Mohamed-Sghir Janjar : Directeur de publication de la revue "Prologues". Directeur-Adjoint de la Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines.
Quelle place pour l’image dans les processus de reconstruction identitaire au Maroc ?
Les mutations sociales profondes que connaît la société marocaine et l’inexorable émergence d’un individu de plus en plus jeune, citadin et instruit, déclenchent des processus de reconstruction identitaire dans lesquels l’image est appelée à jouer un rôle majeur. Il s’agit de s’interroger sur les enjeux présents et futurs de ce lien identité/image.



Serge Gordey : Producteur à Point du jour, Paris


Wladimir Donn : Rédacteur en chef de Toutes les télés du monde (Arte- France)
" Toutes les Télés du monde " : paradoxes de la mondialisation des programmes.
Chaque semaine, " Toutes les Télés du monde " fait découvrir aux spectateurs d’Arte la télévision d’un pays différent. Où l’on découvre que la mondialisation des programmes s’accompagne de leur extrême diversité, tant dans leur conception que dans leur perception par les téléspectateurs.



Silvia Naef : Professeur à l'Université de Genève, travaille sur les questions liées à l'art et à l'image dans le monde arabe.
De l’authenticité à la globalisation : la production d’images dans le monde arabe
De 1950 à 1991 environ, le discours sur l’ " authenticité " a dominé la production visuelle dans le monde arabe. La recherche et l’affirmation identitaires prévalaient souvent sur l’exploration formelle et canalisaient la création. Depuis une quinzaine d’années, ce questionnement a cédé la place à une production qui se veut liée au contexte arabe tout en étant universelle et dont les références puisent dans plusieurs registres. En prenant comme point de départ les arts visuels, il s’agira ici d’analyser ces phénomènes et de les situer dans le contexte arabe et international d’une scène artistique devenue " globale ".



Abbas Kiarostami : Cinéaste Iranien, grande figure du cinéma contemporain, Le goût de la cerise (Palme d’or au Festival de Cannes) Et le vent nous emportera (grand prix du jury au Festival de Venise)…


Amir Taheri : Editorialiste iranien. Collabore régulièrement avec Politique Internationale, Focus, Wall street Journal, London Sunday Times et Die Welt. Auteur de livres sur le Moyen-Orient et l'Islam
De l’imaginaire à l’imaginale dans la culture islamique.
Selon une des idées les plus répandues, la culture d’image n’existe pas en Islam. Or, Amir Taheri montre que la vision Islamique du monde est construite autour du concept d’imaginaire et d’imaginale…
Il dialoguera à ce sujet avec Abbas Kiarostami, (cinéaste et également photographe, créateur d’affiche et plasticien) exemple éloquent d’un imaginaire extrêmement personnel et localisé qui touche un large public international.



Noureddine Affaya : Universitaire, professeur de philosophie et d'esthétique. Membre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.
L'imaginaire en acte et questions de fiction
Il s'agit d'interroger les effets de l'imaginaire dans la vie des individus des groupes et d'essayer de reposer la question de la fiction dans le champ artistique marocain.



Mohamed Rachdi : Artiste, Commissaire d'expositions, enseignant et chercheur en Art et Sciences de l'Art (Université de Valenciennes).
De l’artiste contemporain et des interférences de références
À l’ère de la globalisation économique, politique, sociale et culturelle, l’artiste contemporain développe sa production sous l’intensité des interférences de cultures et de mémoires de plus en plus complexes. Qu’en est-il de l’artiste issu du Maroc ? Comment gère-t-il son activité artistique entre l’insistance des interrogations identitaires et vivacité de la dynamique mnésique qui entrelace sans cesse mémoire individuelle et mémoire collective ?



Dimanche 13 novembre : Ateliers

Au cours de la deuxième journée quatre ateliers seront proposés. Ceux-ci seront ouverts à un public de professionnels du monde du cinéma et de la communication ou à des enseignants et étudiants qui développent une recherche dans ces domaines. Les sujets abordés seront les suivants :

- Quelle pédagogie pour les métiers de l'image et du son au Maghreb ?

- Cinéma, télévision et communications visuelles, des secteurs d'activité porteurs de développement local.

- Lisibilité et visibilité d'une modernité arabe (des signes de modernité dans la création visuelle du monde arabe).

Lundi 14 novembre :


Conférence de presse au cours de laquelle seront présentées les conclusions du Colloque, la maquette et le Site de l’Ecole. L’appel à candidature sera officiellement lancé à l’issue de la conférence de presse.

 
Informations :
Fondation Dar Bellarj
9 rue Taoulate Zaouite Lahdar
Marrakech Médina (Maroc)
phone : 00 212 (0) 44 44 30 26
Monsieur Vincent Melilli (le directeur) : vincent.melilli@esavmarrakech.com
Madme Claudie Benchegra (assistante) : claudie.benchegra@esavmarrakech.com
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4 novembre 2005 5 04 /11 /novembre /2005 00:00

Cessons de valoriser la banalité

 écrit  Damien Le Guay.

 

Nous partageons si totalement son point de vue que nous vous livrons dans son intégralité l'article qu'il a écrit pour le journal Le Monde le 24 octobre 2005.

 

Manifestation du Néantisme

 

Eric TroncY, dans un point de vue intitulé "Manifeste du réalitisme" (Le Monde du 13 octobre 2005), défend la télé-réalité au nom de l'art contemporain. Elle irriguerait l'imaginaire des "artistes d'aujourd'hui" ­ entendons les avant-gardes autoproclamées qui, depuis L'Urinoir de Duchamp, ont siphonné de l'intérieur la beauté pour en exhiber le cadavre.
 

Un nouvel espace serait apparu, pompeusement baptisé par Eric Troncy la "RéalitY", un intermédiaire entre réalité et fiction. La télé-réalité nous fait passer, dit-il, dans une autre dimension de la réalité ­ comme l'art abstrait le fit pour la peinture. S'agit-il d'une évolution ? Non. Rien de moins qu'une "révolution stylistique" . Et bien entendu, comme toujours quand on a le pouvoir (celui des musées, des commandes publiques et des subsides), Eric Troncy réfute par avance toute critique.

 

Ceux qui feraient oeuvre de "dénégation de légitimité" exerceraient sur la télé-réalité une "violence". Il importe donc de se taire sous peine d'être rejeté dans l'enfer des ronchons passéistes et autres rétrogrades arriérés. S'il faut, pour ne pas être traité de "réactionnaire", regarder, comme nous y invite Eric Troncy, un atelier d'artiste filmé pendant toute une nuit par une caméra de surveillance et considérer que nous sommes en présence d'une œuvre d'art, superbement intitulée Mapping the Studio , alors j'accepte par avance d'être voué aux gémonies de tous les défenseurs de la RéalitY – ­ dont Eric TroncY.

 

Comment ne pas être frappé par cette alliance, d'apparence contre-nature, entre l'art contemporain et la télé-réalité ? Eric Troncy la démontre. Alliance entre les marchands de flux télévisuels et les défenseurs des boîtes de "merda d'artista" de Piero Manzoni. Ainsi Endemol serait, sans le savoir, une société d'artistes ! Christophe Dechavanne n'osait en rêver. Eric Troncy l'a fait. Que dire de la Biquette de la "Ferme Célébrités" ? Elle est un happening très "tendance". Ne faudrait-il pas faire entrer au Centre Beaubourg les ronflements de soldat Castaldi de "La 1re compagnie", sans oublier le trop fameux "Cekikapété" d'un candidat du "Loft" ?

 

 

Plus sérieusement, trois points de convergence existent entre la télé-réalité et l'art contemporain.

 

 

Tout d'abord, une même démarche : celle du ready-made. Le geste inaugural de Duchamp opère une immense réduction des prétentions artistiques. Par le seul décret d'un artiste, un urinoir devient une oeuvre d'art. Grâce au point de vue adopté, la banalité n'est plus banale. Ce qui est vrai d'une certaine manière l'est devenu de toutes les manières possibles. La représentation a disparu au profit de l'expression. Le ready-made (le déjà-présent , déjà-fini , déjà-là ) s'est étendu à bien d'autres domaines – ­ et maintenant à la télé-réalité. Une certaine "ready-madisation" (selon l'expression de Jean Baudrillard) de tout semble avoir rejoint un vaste "procès de désublimation". Tous les sujets sont mis sur le même plan. Les distinctions s'évanouissent. L'épaisseur est aplatie au profit d'un horizon sans levure. Yves Michaud y voit le "triomphe de l'esthétique" : "Si les ready-made sont partout, il suffit de les trouver ou de les voir partout où ils sont." Sous la réalité, des ready-mades. Et maintenant nous découvrons : sous les pavés cathodiques, la plage de la RéalitY. Elle est là, dans les cours de ferme (célébrités), sur le sable des îles (de la Tentation) et autres planches de l'Académy (des stars). Pourquoi ? Une évidence s'impose, depuis que le gag dadaïste de Duchamp est devenu un dogme moderne : tout est illusion, donc tout est matière esthétique. Qu'importent les mises en forme pourvu qu'un objet, un quidam, une quelconque bride de réalité puissent être regardés par tous comme dignes d'intérêt. La banalité s'arrête là où commence l'attention du nombre.

 

Seconde convergence : être soi-même jusqu'aux conflits avec les autres. Tous les "artistes" de la télé-réalité ou de la RéalitY ont la folle prétention d'être eux-mêmes, considérant que nous sommes tous des Mozart en puissance. Eric Troncy cite Joseph Beuys comme un annonciateur de la télé-réalité pour s'être enfermé, en 1974, pendant trois jours avec un coyote dans une galerie. Intéressant ! N'est-ce pas lui qui avait placé, sur la façade du Centre Pompidou, cette assertion péremptoire : "Chaque homme est un artiste. C'est même là ma contribution majeure à l'art" ? Bien que ridicule, l'ambition est belle. Mais tous ces "artistes" finissent par nous imposer leur "moi" : un moi impérialiste, d'une arrogance belliqueuse.

 

La recherche d'une différence n'est plus déférente, elle est devenue indifférence aux autres. De plus, ce culte de l'authenticité sauvageonne est un mauvais service rendu aux adolescents d'aujourd'hui. Ils sont en plein travail de construction d'eux-mêmes par la domestication de leurs pulsions. La télévision détricote cet apprentissage de la pudeur. Elle indique que pour avoir son "quart d'heure de célébrité" il faut s'exhiber et faire étalage de ses tripes. Alain Finkielkraut s'en prend à ce "spontanéisme". A la télévision, dit-il, "tout le monde est spontané et tout le monde dit la même chose" car, précise-t-il, "la spontanéité a partie liée avec la banalité. Aujourd'hui on a décidé de donner la parole avant de donner la langue". Les lofteurs, lofteuses, colocataires de toutes sortes, "tentatrices" aux avantages rebondis, célibataires et habitants des "îles de Tentation" ont la parole. Ils l'ont. La gardent. En abusent.

 

La télé-réalité la leur a donnée. Mais il leur manque la "langue", la grammaire humaine, la syntaxe des sentiments, le dictionnaire des émotions subtiles. Que disent-ils ? La même chose. Toujours la même chose. Ils affirment leur même banalité d'analphabètes, leur même mesquinerie de coquelets et de poules de basse-cour, leurs mêmes envies, pulsions, calculs de courte vue avec, comme leitmotiv, l'assurance d'une affirmation aussi simple qu'identitaire : "Je suis qui je suis, tel que je suis et m'exprime avec authenticité." Cette "vérité" est incontestable. Car les identités sont par principe plus indiscutables que les opinions.

 

Troisième convergence : la fin du récit au profit d'un présent infini jusqu'à l'ennui. Que nous disent à la fois "l'artiste" qui filme son atelier de nuit et tous les lofteurs de la télé-réalitY ? Il ne se passe rien dans l'instant, même si nous n'avons que lui comme planche de salut. Le passé est passéiste, le futur écrit dans les astres, il ne nous reste qu'à regarder, par des caméras de surveillance, le sablier s'écouler, les ateliers vides, des stars sur le retour se crêper le chignon dans des cours de ferme et des bachelors se pavaner au milieu d'un troupeau de donzelles.

 

De tous temps, les récits, les histoires, les contes de fées ont permis aux individus de se construire, d'élaborer des sentiments. Un homme en société est toujours un composé de réalité et de fiction. Mais, contrairement à la RéalitY, moderne et donc momentanée, ce composé s'inscrit dans une durée partagée. Les récits organisent les sensations, leur donnent corps. Dans la RéalitY le récit disparaît au profit du flux. Nous sommes, maintenant, traversés de flux qui ne se tissent plus en récits. Le tricotage artistique a disparu au profit de la simple pelote de laine. Personne ne peut raconter une émission de télé-réalité ou l' "oeuvre" intitulée Mapping the Studio . Ces flux ne disent rien. Il n'y a rien à en dire.

 

Désormais, nous dit-on, tout se joue ici et maintenant, dans un présent qui bégaie. Le disque de la réalité est rayé. Nous avons quitté, pense Peter Sloterdijk, un "nihilisme joyeux et cinétique" (celui du progrès et de la danse de Zarathoustra) pour un "nihilisme métaphysique". La levure métaphysique qui donne du volume, de la consistance et du style à la réalité, l'histoire ou la vie a été bannie. La RéalitY est l'expression de ce nihilisme-là.

 

Que l'art contemporain souhaite se greffer sur la télé-réalité (ou l'inverse) importe peu ! Si Eric Troncy veut encore un peu plus humilier l'art, c'est son problème. Mais surtout, en voulant anoblir la télé-réalité, l'art devient complice du processus imaginaire de marchandisation promu par cette même télé-réalité. "Chaque homme est un artiste" , affirme encore l'art ; tout individu est un consommateur qui s'ignore, entonnent les marchands. Toute banalité est belle, dit Eric Troncy ; tout cerveau est disponible à la publicité, répond Patrick Le Lay.

 

Il est urgent d'en revenir à un art du sens contre la valorisation de la banalité, pour immuniser les enfants contre tous ces virus marchands qui pullulent. Consommer pour oublier les engagements non tenus de la RéalitY : est-ce notre présent et notre avenir ? Je le crains.

 

Damien Le Guay

Article paru dans le Monde le 24 octobre 2005

 

Damien Le Guay est philosophe et critique littéraire.
Il a écrit et publié :

L'empire de la télé-réalité eds Presses de la Renaissance 2005 19€ acheter

note de l'éditeur : Loft Story a ouvert la voie à un phénomène inédit en France : la télé-réalité. Des millions de télé-voyeurs peuvent désormais regarder des gens " ordinaires " manger, dormir, se disputer, se draguer ou plus... si affinités. Les acteurs de ce petit théâtre sont propulsés au rang de star du jour au lendemain, leur seul talent étant d'être passés à la télévision. Andy Warhol avait raison : tout le monde est à la recherche de son quart d'heure de gloire et prêt à tout pour y arriver. Mais malgré les critiques indignées, l'audience est là. Et les producteurs en profitent. Damien Le Guay, philosophe, décrypte le fonctionnement de cet " empire de la télé-réalité " qui n'est en rien la télévision du réel. Il révèle comment les candidats y sont des marionnettes calibrées, bichonnées puis souvent jetées ; comment l'homme devient un pur produit marchand. Un système bien huilé pour augmenter ce que Patrick Le Lay, dans un élan de sincérité, nomme le " temps de cerveau humain disponible ". Disponible aux sollicitations commerciales, aux échanges des biens et des personnes. Quelles conséquences cela a-t-il sur notre comportement et notre manière d'appréhender les rapports humains ? Les conclusions de Damien Le Guay sont surprenantes et inédites.

Qu'avons-nous perdu en perdant la mort ? eds du Cerf 2003 14,25€ acheter

La face cachée d'Halloween eds du Cerf 2002 12,35€  acheter

"J'ose, ici, me dire réfractaire à l'embrigadement des citrouilles. Soucieux de mettre en évidence les enjeux cachés d'Halloween (et du battage qui l'accompagne), j'essaie, dans ce livre, de comprendre pourquoi et comment cette opération a fonctionné. Les marchands font cette fête, la pousse mais ne savent pas la fête qu'ils font. Est-elle si "bon enfant" et si "anodine" que les uns et les autres voudraient nous le faire croire ? Tout le monde établit un lien, certes lointain et distendu, mais un lien quand même, entre la fête de Samhain, célébrée dans la primitive religion des Celtes, et Halloween. Les pièces du puzzle sont là même si elles sont en désordre. Alors je me demande, dans ce livre : comment les enfants peuvent-ils comprendre cet univers-là ? Ce "piège à gogos", car c'en est un, les introduit dans un monde où la mort est prise au "second degré". Elle est anonyme et ne leur permet pas d'apprivoiser leurs angoisses naturelles par un lent et nécessaire travail d'éducation. Et (second risque pour les enfants), l'univers de magie et de sorcellerie véhiculé par Halloween (et par les feuilletons comme Charmed, Buffy et Dark Angel...) est de nature, me semble-t-il, a leur faire croire que tout est joué par avance, qu'ils ne sont que des jouets ballottés au gré des forces occultes. Or, si nous cherchons, tout à la fois, à inclure nos enfants dans le monde et à leur donner la capacité d'agir sur leur avenir, en conscience et en liberté, nous ne pouvons que nous interroger sur cette fête d'Halloween. Si vous avez un doute, lisez ce livre". (Damien Le Guay) Radio France

 

Eric Troncy est critique d'art, collaborateur à Beaux-Arts magazine, Numéro, Les Inrockuptibles... auteur de nombreux textes de catalogues et directeur du centre du centre d'art contemporain Le Consortium à Dijon

 
 voir aussi : le site du journal Le Monde
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16 septembre 2005 5 16 /09 /septembre /2005 00:00
 Commissaire d'art contemporain
 

Nous avons lu avec attention et intérêt, dans la newsletter n° 115 du 15 septembre de Paris Art,  la réaction de Antoine Rouillé, au pavé dans la mare jeté par la FRAAP quand en postulant à la direction du Palais de Tokyo, elle  prétend confier la fonction de commissaire d'exposition à des collectifs d'artistes ou à des "non spécialistes" .

 

Nous partageons largement  l'opinion d'Antoine Rouillé. Nous aussi, nous pensons que la rôle de commissaire requiert de larges connaissances, des compétences liées à une réflexion esthétique,   voire un talent spécifique relevant de la notion d'auteur. La médiation qu'opèrent les commissaires entre artistes et public suppose qu'ils se situent tel des capitaines au long cours sur la "passerelle".  Ainsi, ils peuvent être les observateurs privilégiés des processus de création dans leurs contextes historiques et géographiques et  s'adresser à  l'ensemble des récepteurs qui ne peut d'ailleurs se réduire à une seule entité. 

 

"Les artistes et leur public ont autant besoin des commissaires que les écrivains et leurs lecteurs ont besoin des éditeurs. Les commissaires sont acteurs du monde de l’art autant que les éditeurs le sont du monde des livres (même des livres à compte d’auteur). Comme les éditeurs, les commissaires peuvent être grands ou petits, brillants ou médiocres, mais leur rôle est ni interchangeable ni facultatif." (Antoine Rouillé)

 

Pourtant, nous soutenons la démarche de la FRAAP. Car elle nous paraît révélatrice d'un malaise dans la sphère de l'art contemporain en France.

 

L'institution joue manifestement un rôle prépondérant  : visibilité des artistes, tendances esthétiques, valeurs marchandes des oeuvres.   Les galeries d'art contemporain, en difficulté, lui font allégeance et perdent toute indépendance dans leur démarche.

 

Or trop d'artistes vivants souffrent du manque d'espace qui  est accordé à leurs oeuvres.

 

Or, le public ne suit pas. (Il s'agit ici moins de nombre que de compréhension,  d'adhésion à des choix).  Les oeuvres existent  par le regard que l'on porte sur elle. Sans "regardant", pas d'objet du regard.

 

Bien sûr l'artiste, tant dans la forme que dans les sujets qu'il traite,  travaille dans l'écart qui sépare le lieu commun, l'a priori, l'image toute faite,   d'une représentation singulière et inédite. Non seulement, nous admettons, cet écart qui déconcerte parfois mais nous le plébicitons. Encore faut-il que l'artiste ait un propos qui  questionne ses contemporains, un langage constitué susceptible d'ouvrir le dialogue.

 

Lourde responsabilité pour un commissaire d'art contemporain d'évaluer la pertinence d'une oeuvre en soi, pour soi,  pour ses contemporains,  au vue de l'histoire de l'art et même de l'Histoire.

 

Alors peut-être, comme le laisse pressentir l'action menée par  la FRAAP, cette responsabilité qui incombe au seul  commissaire pourrait-elle être,  sinon partagée, du moins se présenter comme le résultat d'études concertées.

Catherine Plassart

 

voir aussi

La note d'intention de la FRAAP, sur le site de la FRAAP

la newsletter n° 115 du 15 septembre de Paris Art

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