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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 09:18

De Corse et d'ailleurs

 

 
 
"Blue note huile" sur toile 100 x 100 cm Pierre Givodan
 

On doit à un amiral anglais "le fil rouge" et à Jean-Paul  Ceccaldi "le fil noir". Si on le suit où nous conduit-il ?  dans la maison Corse, son  île aux quatre horizons et plus encore.

 

 A l'ancre dans une terre de polars et de romans noirs,  curieux de littérature, de musique, d'art,  Jean-Paul Ceccaldi observe, critique, écrit , sciemment guidé par une poignée de  mots : "île", "noir", ...  mais gourmand de la totalité du lexique de notre vieille langue. Ainsi,  il dispose sans réserve de tous ses termes,  y compris sous forme de liste, d'inventaire.

 

Noir : "Le genre noir contient tous les ingrédients de la symbolique de la couleur : le mystère, l’inconnu ( ce qui est caché ), l’occulte, la menace, la révolte ( l’anarchie), l’autorité, la puissance, la dignité, le pouvoir, l’austérité, le négatif, le néfaste, la tristesse, le désespoir, la peur… le mal, la mort et même jusqu’à l’élégance, la sobriété, le raffinement."

 

Rouge : "Chaque auteur de polar a le choix et peut ajouter du rouge, avec ses tonalités et son ambivalence. Amarant(h)e, andrinople, carmin, garance, pourpre, rubis, sang... rouge pompéien... rouge Carpaccio, Titien... rouge Ferrari, opéra, pompier... érubescent, roux, rubicond... croix, planète, tapis rouge... La Butte rouge... Julie la Rousse, le Petit Chaperon rouge... le rouge en héraldique, rouge révolutionnaire …"

 

Et la Note bleue, me direz-vous.  Juste une note ? Sans doute !  Celle qui  condense la rencontre de deux sensibilités. Jean-Paul Ceccaldi a lu (les nouvelles, les chroniques intempestives) et vu (le travail en peinture) de notre collaborateur Pierre Givodan.

C.P.

 

Jean-Paul Ceccaldi le 13 avril dans Corse noire

 

"La note bleue est un son transparent, "bigger than life" (plus grand que la vie), comme le définissait son créateur, l'ingénieur du son Rudy Van Gelder. L’impression d'être dans l'instant absolu de la musique. Un moment d'exception qui sied parfaitement à la définition du terme Blue Note, la note bleue: "Cette note fantôme, impossible à marquer sur une partition, est une émotion", rappelle joliment Norah Jones. Claude Nougaro en a fait le titre de son dernier album. Pour Martin Scorsese, "Blue Note est à la musique ce que le Bauhaus a été aux arts plastiques." En évoquant le Blues, Pierre Givodan nous suggère la " Blue note " et ses spécialistes comme : Wayne Shorter, Bud Powell, McCoy Tyner, John Coltrane, Sonny Rollins et Thelonious Monk;… et, aujourd'hui, Cassandra Wilson, Herbie Hancock, Norah Jones et Wynton Marsalis…



Cet artiste-peintre , à l’âme " jazzy ", met du blues dans ses œuvres picturales mais aussi dans des textes: poèmes, essais sur l’Art ainsi que la méditation poétique, et des nouvelles. Dans tout ce qu’il crée, il donne à imaginer et suscite les pensées qui viennent du cœur et des fonds lointains exprimés par le Blues, révélant ainsi les fines esquisses de joie et de tristesse... Comme la musique, une œuvre picturale n’a pas besoin de traducteur et c’est par le regard que l’art du peintre transmet l’émotion, cette "note bleue "… note fantôme. Dans l’immédiat, nul besoin des mots ! C’est une invitation au voyage intérieur que l’on pourra ensuite raconter, mais ce sera notre histoire et non celle de l’œuvre, car seule l’émotion originelle est authentique et éphémère. L’émotion reste dans le monde des sentiments et de la vie la plus intime que la raison ne saurait saisir. Le peintre montre jusqu’à l’innommable dans des tableaux sans titre. Entre Pierre Givodan et le voyeur s’instaure une communication qui permet la transmission d’affects et peut-être davantage… Il essaye de donner quelque chose comme de la joie et de la tristesse, dit-il. Entre ces deux mots, l’espace est infini dans lequel peuvent jaillir des gerbes d’images et des poèmes lyriques. Parmi les influences, il nous apparaît celle d’une partie de l’œuvre de Miro, dans la relation entre la peinture et la poésie. "

 
voir aussi : le blog  Corse Noire, le site personnel de Pierre Givodan
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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 06:49

"LA JALOUSIE NUE"

du 23 avril au 5 mai 2007


MJC , Paris (20)

 
Carole Demongeot / Okia Lys Carole Demongeot Okia Lys
 

"Jalousies d' elles. Elle s'est approchée de la glace du petit salon, car elle a la manie des glaces comme moi." A. Cohen

 

Art et narcissisme... rien de plus inconfortable que cette jalousie trop souvent occultée mais inévitablement présente, volontairement mise à nue dans cette exposition. On ressent alors une palpable tension entre les deux artistes, laquelle finit par s'appaiser puisque résultant de la simple complexité des rapports

informations pratiques :

"LA JALOUSIE NUE" - Vernissage lundi 23 avril 19h30 - 21h30
MJC 20ème, 43 rue du borrego, 75020 Paris.
métro télégraphe L11 - plan d'accès

 
voir aussi : des images de l'exposition
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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 17:47

 

Archie Shepp

 

Se ressouvenir avec Archie Shepp

 

Pour plagier Camus nous dirons qu’il n'y a qu'un problème philosophique sérieux et c'est non pas le suicide, comme ajoutait celui-ci dans le Mythe de Sisyphe (ouvrage de jeunesse) mais la question du Commencement. Archie Shepp est le musicien de cette interrogation.


En effet la question du commencement est connexe à celle de l'origine et aussi de la fin de toute chose. Les choix musicaux de celui qui fut un des fondateurs du Free Jazz s'enracinent dans des choix de vie (Amérique, Europe, France et retours...), des déplacements géographiques, des aventures artistiques (monologues, dialogues), des détours.


Mais toujours une même quête biographique, autobiographique, vitale, filiale, existentielle et, osons le mot, métaphysique.


Il n'y a en effet aucune légèreté, mais pas non plus de maladie, de peur, ou de raté dans sa musique. Pour tout dire ce professeur d'histoire de la musique afro-américane  respire la santé. Mais il y a plus, comme une application à approcher l'essentiel, à cerner ce qui fait sens dans l'apparence d'une vie. Comme un chant lointain qui perdure... un lyrisme sans gâtisme, ni régionalisme ou provincialisme.


J'ai rencontré Archie Shepp il y a longtemps. J'étais âgé de 18 ou tout au plus 20 ans. Il m'a renvoyé à moi-même lorsque je l'ai questionné sur son inspiration. L'art, bien compris, renvoie toujours à soi, mais son enjeu est ailleurs évidemment, dans ce qui ouvre le moi à autre chose qu'à la haine ou le mépris. Quelque chose de plus beau, de plus haut, que nous ne pouvons qu'entrevoir à partir de l'intuition d'un Commencement. A partir d'une certaine idée de l'origine et de l'anticipation de la fin.


Derrière l'identité, l'histoire, la mémoire, c'est à un Ressouvenir pour plagier cette fois un autre écrivain et vrai philosophe (il s'agit de Platon) qu'Archie Shepp nous conduit. Ecoutons pour s'en convaincre "Goin' Home" enregistré avec Horace Parlan.


En résumé, les faibles passent et s'effacent en boitant, mais les courageux laissent une trace. Archie Shepp le démontre encore avec "la grâce" .


Pierre Givodan

 

 

 

Lundi 7 mai 2007 à 19h30


Les Soirées Nomades et Archieball présentent


Born Free
Concert anniversaire des 70 ans d’ Archie Shepp


Jardin de la Fondation Cartier pour l’art contemporain Paris

Avec Born Free, Archie Shepp inaugure une rencontre exceptionnelle et audacieuse entre musiciens américains, français et africains, toutes générations confondues. Entre hip hop, jazz libertaire et musique africaine, le projet Born Free est l’expression actuelle la plus aboutie de la musique africaine-américaine. Parce qu’il n’y a pas d’anniversaire sans surprises, Archie Shepp invitera lors de ce concert hors normes quelques-uns des meilleurs jazzmen qui l’ont accompagné au cours de sa carrière.

Avec
Archie Shepp : saxophones ténor et soprano, voix ; Jalal : voix ; Rocé : voix ; Cheick Tidiane Seck : clavier ; Avery Sharpe : basse électrique ; Pavel Shepp : percussions ; Stéphane Guéry : guitare ; Tom McClung : piano; Steve McCraven : batterie ; et d’autres invités...

 

La Fondation Cartier pour l'art contemporain est ouverte tous les jours, sauf le lundi, de 12h à 20h. 261, boulevard Raspail 75014 Paris


métro Raspail
bus 38 et 68
RER Denfert Rochereau

 

voir aussi : le site de la Fondation Cartier

 

Pierre Givodan

Chroniques musicales

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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 15:05
J-P Gavard-Perret

 

"PEINTURES(S) / GENERATION 70", Commissaire Philippe Piguet, Fondation Salomon, du 11 juilllet au 4 novembre 2007, Alex.

 
Lévrier, Purée2006
triptych, oil on canvas, (40 x 30 cm) x 3
 

Historien, enseignant et critique d'art, Philippe Piguet collabore régulièrement à la revue L'Oeil et participe ponctuellement à diverses publications: Art Press, Cimaise, Parachute. Responsable des arts plastiques du Journal de la Création sur la 5ème, commissaire d'expositions, Philippe Piguet est I'auteur de nombreux textes et préfaces de catalogues à propos d'artistes aussi divers que Basquiat, Blais, César,  Penone, les Di Rosa, Garouste, Rousse, Kern entre autres. Pour la Fondation Salomon il présente neuf peintres dont la démarche témoigne d'une liberté  vis à vis d'une peinture qui accorde au sujet, à la figure une place prépondérante. On voit ainsi émerger une sorte de nouvelle peinture figurative qui livre non seulement son originalité mais  son insolence puisque tous ces artistes peignent contre l'ancienne figuration afin de "combler'" (chacun à leur manière) ses "manques".

 

Les oeuvres de Beneyton, Forstner, Jalut, Levasseur, Masmonteil, Rabus, Reymond, Sacriste, Wylie sont riches d'enseignement; elles découvrent les failles, les tentatives des entreprises antérieures et  se servent de leurs impasses afin de produire de nouvelles métamorphoses. Toutefois ce qui guide ces artistes plus que de mettre à jour un manque est de trouver un passage inédit qui autorise chacun à se glisser dans la peau de ses modèles. Certains d'entre eux comblent, d'autres scrutent. Dans les deux cas, il s'agit d'emprunter des images au passé, de s'en servir comme motif, de les considérer comme la matière même d'une motivation. Et c'est bien là une manière de  régénérer l'histoire de l'art. Cette dernière n'a jamais cessé d'être reconduite au fil du temps en une succession d'exemples transfigurés accordant aux procédures tantôt de la citation, tantôt de la référence, une place privilégiée.  Le phénomène de fascination qu'exerce l'oeuvre d'un artiste sur un autre plus jeune peut se mettre au crédit de ceux qui croient à la peinture et établissent ou perpétuent un dialogue entre époques, générations, styles et langages. Dans une telle dialectique l'emprunteur sait que ce qu'il cherche relève d'une caution, d'un challenge et d'un défi. Dans cet esprit, la manière dont les artistes réunis multiplient les reprises et variations du thème de la figuration participe d'une volonté d'épuiser un modèle afin d'en extraire la substance dans une sorte de corps à corps existentiel. Ils instruisent le principe de création par la perpétuation et  le jeu de la mémoire.

 

C'est ainsi que la Fondation Salomon propose dans cette exposition un musée aussi imaginaire que réel où chaque peintre  en convoquant une thématique affiche la pérennité d'un mode mais surtout s'y inscrit. On rencontre une volonté chez ces créateurs de revendiquer une manière : celle qu'on nomme le " per ornamento " - coextensive au fait même de peindre, mais qui dépasse cependant le seul principe de l'ornementation traditionnelle. Notons par ailleurs que l'avènement des technologies nouvelles ne laisse pas indifférent les créateurs qui se confrontent aux outils informatiques et à leur potentiel créatif. L'usage que certains en font procède d'une subversion dialectique visant à jouer de l'analogie entre deux types de palettes celle du graphiste et celle du peintre, soumettant les images à tous les "trafics" que permet une autre pratique.

 

Les choix de Philippe Piguet procède donc d'un protocole savamment élaboré.  Certains artistes travaillent d'après photo en projetant sur la toile l'image du motif capté, d'autres manipulent le sujet de biens différentes façons mais tous font preuve d'une belle capacité d'invention parce que ce qui les intéresse relève de ce qui contribue au glissement du sens. La plupart des oeuvres réunies n'offrent plus aucune ressemblance avec leur modèle d'origine réduit à un substrat, un signe référentiel . Elles parviennet à une quintessence  qui est celle de la peinture puisque tout peintre comme le disait Beckett reste avant tout un "abstracteur de quintessence". On le comprend bien ici dans ces suites de mise à nu, à la découverte de quelque chose qui est caché, de quelque chose qui est de l'ordre de l'invisible et dont l'organique est parfois  l'une des composantes récurrentes.

 

La notion de trafic n'échappe  pas ici aux idées de circulation, de flux et de métamorphose. Dans  leur  travail d'exécution, les peintres usent  d'outils puissamment rattachés à la tradition autant que de moyens résolument modernes. Ils signent ainsi  l'idée selon laquelle  la peinture est souveraine et capable d'assimiler les technologies et les matériaux nouveaux, de répliquer aux défis qu'opposent les autres modes d'expression en les reversant à son propre service. Ainsi pour de tels créateurs  rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. L'exposition prouve combien l'art met à l'épreuve les méthodes de penser l'image en instruisant comme l'écrit Piguet  "un nouveau rapport entre substance et substantif".

 

voir aussi : le site de la Fondation Salomon
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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 14:48

FANTOMES QUE FANTOMES


OTAR IOSSELIANI, Jardins en automne, suivi de Otar Iosseliani, Le merle siffleur de Julie Bertuccelli, Édition DVD, Bodega films, Paris.

de Jean-Paul Gavard-Perret

 
 Otar Iosseliani
 photo JLH
 

Avec Les Favoris de La Lune, Et la lumière fut, Adieu plancher des Vaches,  Otar Iosseliani est devenu un de ses cinéastes rarissimes (avec Almodovar) à nous faire passer sans cesse de l'émotion à l'amusement. Pour autant, on a souvent affirmé que Jardins en automne n'était pas une cuvée de son meilleur cru. Mais, avec le temps et plus particulièrement la réédition du film en DVD, un tel jugement doit être révisé. La scène d'ouverture - cacophonie de vieillards qui se disputent un cercueil -  est à l'image d'un film qui se déroulent en saynètes drolatiques dont le système répétitif qu'on a dénigré n'est pas sans importance afin de stigmatiser par la mise en scène ce qu'il en est du pouvoir : à savoir  une coquille vide, qui le rend dérisoire et grotesque à l'image des rois nus qui succombent à ses frasques. Iosseliani nous permet de suivre la trajectoire, la chute et l'"ascension" de Vincent, ministre puissant, élégant, charmeur grisonnant, buveur, mangeur, bon vivant. Odile, sa maîtresse, une très belle fille, intelligente, lucide, sexy, dès que son mentor n'est plus ministre  s'éclipse, l'"amour" n'étant pas forcément ce qu'on en dit et ce qu'on croît. Au moment où Théodière, le nouveau ministre, investit le somptueux bureau du chasseur chassé, le premier - selon une perspective classique aux ministres qui trouvent là un moyen de marquer leur territoire - change tout jusqu'aux les étagères cendriers et aux téléphones. Bref s'est sa manière d'uriner pour circonscrire son potentat provisoire, tandis que Vincent  dans un retournement spectaculaire (qui fait se demander combien de ses épigones sont capables d'un renoncement dont François Léotard est une rarissime exception ?) commence à comprendre ce qu'il en est non seulement de la vie mais de vivre. Il prend conscience que le pouvoir n'est qu'apparence et qu'apparat. Qu'il n'est aussi que la soif de le conquérir, de le posséder dans l'orchestration d'un une valse mutine et d'un jeu de chaises musicales où les hommes et les objets ne sont qu'un décor, tant ils sont remplaçables, interchangeables. On voit ainsi la sinistre farce du pouvoir dans lequel le ministre sur un siège éjectable qu'il croît pourtant inaltérable, signe machinalement les dossiers qu'on lui présente, serre des mains, tâte le cul des vaches, embrasse chaleureusement un homologue africain d'une République aussi bananière que la sienne. Pendant ce temps, Madame rêve éveillée, parade en tailleur Chanel, s'achète des bijoux hors de prix au frais du contribuable, donne dans l'art le plus kitsch qui soit tandis que les jeunes loups se font les dents, courtisent et attendent de prendre la place et de croquer leur part de gâteau.

 

Si le film a été si mal accueilli c'est parce qu'il gêne. Le roi nu fait certes rire mais il dérange nos idées reçues. Derrière la fable on peut en effet facilement glisser des noms et toute ressemblance avec nos propres hommes politiques n'est pas fortuite. On retrouve l'aspect satirique de la caricature cher au cinéaste. Mais la particularité du film consiste à faire de ces personnages des êtres abstraits, des fantoches, des marionnettes désincarnées, des automates, des doublures de leur propre rôle auquel ils n'ont jamais cru. Cette manière d'évoquer le pouvoir induit naturellement esthétiquement parlant le choix "keatonien" de l'insolite, de la cocasserie, de l'étrangeté. Les traits, y compris physiques, paraissent grossis  et font de tout le personnel politique un arsenal  dérisoire dans lequel pour se destresser le ministre fait des galipettes sur la moquette pour calmer ses nerfs, tandis qu'un peu plus tard Piccoli grimé en vieille femme fait la preuve d'une certaine audace. Même si le film se déroule à Paris et sans doute pour dédouaner notre pays de se réduire à une république bananière certains ont affirmé que ce ball-trap tragi-comique parisien faisait plus penser à un pays de l'ancien bloc de l'Est. VoireŠ et ce n'est pas parce que le cinéaste est d'origine géorgienne qu'il faut se défausser si vite. Celui-ci ose passer du burlesque au ridicule parce que le ridicule tue. Certes on peut toutefois reprocher au cinéaste son apologue angélique. L'ode terminale à la vie et à la liberté retrouvées d'un homme enfin débarrassé des oripeaux du pouvoir reste douteuse quoique utile à la démonstration qui semble ouvrir à la possibilité d'une île pour nos nouveaux marchands de Venise repentis et qui soudain optent pour un regard métaphysique sur le phénomène de la vie.

 

Le film nous apprend aussi à travers sa fable que ceux qui ratent la joie de vivre en pensant que l'essentiel demeure la réussite peuvent se réveiller et recommencer à vivre. Ne faisant pas allusion à une époque ou à des faits précis, le  film est donc fondé sur l'avidité des gens. C'est une parabole sur cette tentation à laquelle tout le monde est confronté à un moment donné dans sa vie. " Les gens qui ont soif de pouvoir sont un peu malades à mes yeux, pas tout à fait normaux psychiquement ! Ils essayent de se forger des auréoles d'hommes sages qui savent ce qu'ils font " écrit le réalisateur qui ridiculise la préoccupation foncière d'occuper le terrain du pouvoir. Et d'ajouter " il existe des gens beaucoup plus sages et lucides, mais ceux-là ne vont pas au pouvoir. Ça a toujours été comme ça ". Il n'empêche que, et comme nous le disions plus haut, en dépit de ses allures de fable Jardins en automne entre fortement en résonance avec notre actualité. Un tel film représente une sorte de compression poétique (en dépit de ses " longueurs ") à divers détentes et il donne beaucoup de matière à réflexion. La différence ici, par rapport à des oeuvres précédentes du cinéaste telles que  Adieu, plancher des vaches et Lundi matin, est que le propos devient plus vaste. L'auteur sort de l'univers familial pour lancer une O.P.A. sur celui de la société en se  dégageant d'un ancrage très précis dans une époque ou une actualité. Témoin d'une énorme catastrophe : le communisme, Iosseliani a vu d'autres catastrophes, d'autres chutes de régime, d'autres phénomènes similaires. C'est pourquoi il peut écrire :" Mais chacun peut nourrir la fable de son propre vécu : Staline, Hitler, Saddam Š Chacun son loup ". Adepte des longs plans séquences, le réalisateur trouve en cette prédilection une connexion avec sa philosophie de la vie et son amour du vagabondage. D'où  ces films qui en différents moments semblent être tournés dans un élan, et semble couler comme une rivière sans interruption. Cela permet au cinéaste de trouver le bon rythme. Jardins en Automne  devient une partition où les instruments sont les acteurs. Le réalisateur aime les faire travailler dans le désordre et avec le désordre pour transformer leur jeu en une chose immédiatement compréhensible même s'il s'amuse à introduire des moments de perdition, des vides, des creux. Iosseliani sait en effet interrompre une phase, rompre une tonalité. Ses films sont donc l'inverse d'une mécanique, d'un savoir-faire ou d'un professionnalisme esthétisant. Pour en arriver à ce point, le réalisateur aime les acteurs (comme Michel Piccoli) extrêmement pudiques, qui ouvrent ainsi à l'imaginaire. C'est pourquoi le réalisateur géorgien est à rapprocher du Buster Keaton réalisateur. Comme lui dans ce qu'il fait, dans ce qu'il montre surgit toujours une espèce de solitude au milieu du désordre.  C'est pourquoi Iosseliani travaille aussi avec des non-acteurs, il trouve que les acteurs, comme il dit, " ça fait cliché " et il n'a pas tort car une grande part du travail de l'acteur est de ne pas devenir un cliché. Piccoli joue donc ici  avec des non professionnels, et ça a été  pour lui un autre exercice, d'abord de se déguiser en vieille femme et de s'inclure dans ce travail de marionnettes qui crée un effet très troublant.  C'est pourquoi on peut rapprocher le cinéaste autant d'un Bresson que d'un Keaton. C'est même le mélange des deux  C'est pourquoi au lieu de qualifier cette oeuvre de bizarrerie et même parfois d'ovni, il faut simplement dire que c'est, sous forme d'analyse farcesque, tout simplement un grand film.

 
 
voir aussi : la fiche Wikipédia
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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 07:21
du 20 au 23 avril

 

Art Brussels - Bruxelles (Belgique)



Bruno Peinado Bruno Peinado
FRAC des Pays de Loire 2007  




Les copies plus ou moins fidèles ou décalées de Peinado relèvent de cette culture anti copyright dont la musique s'est fait le premier chantre.Ses samples graphiques traversent les territoires ultra-codifiés de la culture de masse, des médias et du commerce. Une oeuvre insolente qui admet que le retour du subjectif et la liberté de se mouvoir d'un environnement à l'autre ne tiennent pas au déni mais à la réappropriation."Ma logique est celle de la créolisation, du métissage, le monde est une collision d'images. J'ai dans l'idée de casser la pureté". Travaillant à partir de cette revendication, Bruno Peinado s'approprie une multitude de signes, d'objets provenant des produits culturels. Ces références se croisent dans des installations composites qui mêlent dessins, sculptures, vidéos, sons et peintures sur différents supports. On retrouve ainsi dans son oeuvre des productions aussi hétéroclites que des pochettes de disques, des jeux vidéos, des comics ou bien encore des flyers.

 

L'artiste l'affirme lui-même: "... il y a une dimension pop dans mon travail, puisque je redessine des images trouvées dans les magazines. Mais c'est un geste de réappropriation pour en comprendre le fonctionnement. Ce qui m'intéresse, c'est de remettre en jeu ces images".
Anna Hiddelston

 

La Galerie Loevenbruck qui présentera du 20 au 23 avril à Art Brussels le travail de Bruno Peinado à côté des oeuvres de Olivier Blanckart, Alain Declercq, Virginie Barré, Robert Devriendt, D.Dewar & G. Gicquel, Philippe Mayaux, Stéphane Sautour a bénéficié du concours du Centre National d'art plastique pour l'édition du premier catalogue consacré aujeune artiste.





Me Myself and I, catalogue consacré à Bruno Peinado
Edité par la Galerie Loevenbruck

 

Le livre présente l'ensemble des carnets de dessins de Bruno Peinado, de 1995 à 2005, véritable source de sa création. Le titre de l'ouvrage reprend le titre d'une série de dessins.


Trois auteurs ont participé à la conception de l'ouvrage: Lili Reynaud-Dewar, artiste et auteur; Charlotte Laubard, directrice du Capc et Elisabeth Wetterwald, critique d'art. Elles proposent trois textes inédits , trois points de vue singuliers sur le travail de l'artiste.


En l'état du projet, chacune des séries de dessins est séparée par quelques pages de respirations graphiques. Le livre de 1 600 pages sera imprimé sur « papier bible » de manière à conserver le caractère léger et propositionnel du dessin. L’ensemble des textes figure à la fin du livre, une manière de permettre au lecteur de voyager par les images dans un premier temps puis d’accéder à trois lectures, celles des auteurs.
Sylvia Tournerie, graphiste réalise l'ouvrage.

 

Bruno Peinado est né en 1970 à Montpellier. Il vit et travaille à Douarnenez.



voir aussi : le site de la galerie Loevenbruck, le site de Art Brussels, le site du FRAC des Pays de Loire


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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 06:31

Paysage sous influence


29 mars - 19 mai 2007

 

galerie Patricia Dorfmann - Paris (4)

 

 


"Je ne regarde plus dans les yeux de la femme que je tiens dans mes bras, mais je les traverse à la nage, tête, bras et jambes en entier, et je vois que der rière les orbites de ces yeux s’étend un monde inexploré, monde des choses futures, et de ce monde toute logique est absente".
Henry Miller.


La galerie Patricia Dorfmann a bénéficié du concours du Centre National des Arts Plastiques pour organiser la première exposition personnelle d'Eric Corne.


"Paysage sous influence" réunit un ensemble de vingt toi les et une vidéo, spécialement produite pour cette exposition. Les oeuvres d'Eric Corne représentent pour la plupart des paysages désertés et bouleversés sous l'implosion des couleurs. Elles sont composées de symboles récur rents, semées d'indices, - comme l'oiseau est celui d'une image à saisir aux aguets -, les façades d'habitations, par leur précaire équilibre, sont la métaphore de la peinture dans laquel le il faut entrer.


Avec leur intensité, ces toi les, comme saisies sous les feux d'un concert rock traduisent un romantisme exacerbé, hantées par l'angois se d'une catastrophe imminente, mais aussi, par l'ir répres sible acte de peindre.


L'histoire de la peinture habite et traverse celle d'Eric Corne qui aime citer Edvard Munch, dont il affectionne particul ièrement l’oeuvre, mais aussi Gérard Gasiorowski et Malcolm Morley.


Poursuivant ses engagements pol itiques et artistiques à travers ses voyages dans les Balkans, au Brésil ou au Portugal, les dernières peintures et la vidéo d'Eric Corne transcrivent ses émotions devant les paysages rencontrés que l'artiste nomme " sous influence " en référence au cinéma de John Cassavetes.

Cette exposition a bénéficié du concours du Centre National des Arts Plastiques, Ministère de la culture et de la communication (aide à la première exposition).

informations pratiques

Galerie Patricia Dorfmann
61, rue de la Verrerie - 75004 Paris
Tél : +33 (0)1 42 77 55 41
Fax : +33 (0)1 42 77 72 74
galerie@patriciadorfmann.com

 
voir aussi : le site de la galerie Patricia Dorfmann
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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 05:01
 

En ce qu’il permet de matérialiser un désir l’art nous rendrait joyeux. Soit.

Cette manifestation symbolique prend en effet plusieurs formes : plastique, sonore,scripturaire…

 

La forme que nous allons interpréter est celle qui s'offre dans la peinture. Langage du silence, cette dernière repose sur la couleur, la composition, et les formes agencées dans l'espace. Derrière cela, le rythme qui guide le trait, le mouvement et la vitesse du pinceau.

 

Le peintre donne à comprendre sans le dire, un paysage intérieur qui est toujours un autoportrait. Le langage pictural a des analogies avec celui de la littérature. La métaphore, la comparaison, le style, sont des équivalents esthétiques de la vie intérieure. Dans les deux cas c'est le chant de l'âme qui s'exprime. La parole poétique diffuse une harmonie, un lyrisme, que la musique traduit aussi en soi.

 

Il existe donc bien deux usages du langage : derrière celui, explicite de la communication dans le monde réside une puissance implicite qui ne demande qu'à être domestiquée, celle de la fonction poétique du domaine symbolique dont les objets relèvent du sujet en propre et de la pratique artistique.

 

Un percussionniste et chanteur brésilien s'exprimait ainsi lors du dernier festival de jazz de Montreux (2006) : "Parce que l'esthétique de la joie est la meilleure politique du monde..." Il s'agissait de Carlinhos Brown.

 

La musique réconcilie les esprits avec le monde en nous rendant heureux. Il en va parfois ainsi aussi avec la peinture ou la littérature. C'est en cela que consiste sans doute enfin l'éthique de la joie qui se manifeste dans une certaine esthétique contemporaine que d'autres qualifient de populaire.

PG

 
 

Pierre Givodan - contact@pierregivodan.com

Chroniques intempestives

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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 07:08

Daniela Comani, Edith Dakovic & Ursula Döbereiner


du 14 avril au 02 juin 2007

 

Centre Passerelle - Brest (29)

 

L'exposition « Témoins de l'absence » présente des œuvres de Daniela Comani, Edith Dakovic et Ursula Döbereiner. Le lien commun entre ces trois démarches artistiques consiste en leurs approches et interrogations autour de la représentation du sujet, du corps, de l'espace, et des questions qui y sont liées.

D'une manière critique, les « double drawings » de Daniela Comani interrogent le rapport des médias modernes avec la réalité, tant par l'option de combiner différents sujets quelconques et divers supports d'images, que par la façon dont ils sont représentés.

Les « Mer-made Productions » d’Edith Dakovic métamorphosent la forme d'un produit de masse en un substitut symbolique de corps dans lequel sont inscrit des motifs d'ardeur populaire.  

 À la façon d’un papier peint, le dessin numérique « esc003 » d’Ursula Döbereiner rappelle l'intérieur du château de Linderhof du roi Ludwig II de Bavière. Celui-ci tenta de réaliser, à travers les principes d'une architecture illusionniste de style néo-baroque, un monde artificiel d'isolement apparent. La mise en scène architecturale de cette spatialité où les frontières entre espace construit, espace peint et espace miroité se mêlent, est représentée, collée et transformée par - et à travers - l'installation-dessin d'Ursula Döbereiner. Les niveaux différents de construction de l'espace réel illusionniste sont rendu abstraits et égalisés via la représentation en deux dimensions par le dessin numérique. 

Daniela Comani

   
Edith Dakovic Ursula Döbereiner
   

 informations pratiques

41, rue Charles Berthelot
Quartier Saint-Martin
29200 Brest
France

tél. +33 (0)2 98 43 34 95
fax. +33 (0)2 98 43 29 67

passerelle@infini.fr

ouvert le mardi de 14h à 20h
ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h30
fermé dimanches, lundis et jours fériés

 
voir aussi : le site de Passerelle
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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 06:13

Du 20 au 23 avril 2007

 

Parc des expositions  -  Metz (57)

 
 

laurence Innocenti "gris" 2007

 

La foire européenne d’art contemporain Art Metz accueille près de 120 artistes : peintres, sculpteurs, photographes et artistes du multimedia.


Nouveauté 2007 : une animation se déroulera pendant toute la durée de la foire dans plusieurs cafés de la ville sur la thématique “Parlons d’art”.

La  7e édition d'Art Metz  met la photographie à l’honneur en accueillant  l’Américaine Alice Hargrave,  les français Gilles Coulon, Mat Jacob, Meyer, Philippe Lopparelli de l’agence “Tendance Floue” et Tadzio Pacquement.


La Corée, partenaire comme l'an dernier de la manifestation, sera représentée par onze créateurs, dont le peintre Park Kwang-Jin.

 

informations pratiques :

Parc des expositions de Metz
Rue de la Grange au Bois
BP 45059 - 57072 Metz Cedex 03
Tél. : + 33 (0) 3 87 55 66 00
Fax : +33 (0) 3 87 55 66 18 bus lignes 8 et 11 destination La Grange aux Bois

Renseignements : 03 87 60 28 88

 
voir aussi : pour les précédentes éditions de la manifestation le site d'Art Metz (non tenu à jour)
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