La tentation de l'art
Ainsi il existe une tentation de l'art et celle-ci consiste à regarder en arrière, comme Orphée qui ne pouvait détacher son regard de la douce Eurydice. Il y a donc un malheur de l'artiste qui désire faire retour au commencement. Comme s'il pressentait que l'important, le décisif, l'irréductible noyau de l'être s'est ouvert là pour de bon à sa conscience. En lui et pour lui le peintre se doute souvent qu'il a laissé passer quelque chose d'essentiel et c'est une raison de "creuser" alors le dessin, d'expérimenter toujours la couleur en peinture tout en regardant les maîtres d'hier. Et l'on pense à Garouste... On avance vers l'inconnu à condition d'être soutenu pas le passé. Un homme sans histoire n'existe pas, pas plus dans l'art que dans la vie. Être un artiste c'est évidemment avoir des repères aussi. Mais encore faut-il s'entendre sur la place à accorder à ceux-ci. Le plus gros effort et la vraie liberté résident dans cette posture ambiguë consistant à ne pas évacuer les images antérieures, mais à savoir le rôle qui leur revient de droit. Celui de normes de conduites créatrices et d'échelles de valeurs pour juger seul de la nécessité de représenter autre chose tout en pouvant continuer à soutenir le regard de ce qui a été et qui gît quelque part dans notre mémoire encombrée. Mimmo Paladino s'invite alors à notre Panthéon.
Pierre Givodan
"Colomba" Gérard Garouste,Huile sur toile, 250 x 300 cm, 1981
"Ronda notturna 7 (da Rembrandt)",Mimmo Paladino technique mixte sur toile, 165 x 185 cm, 2007
Pierre Givodan |
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