Edito : La promesse du noir.
On est au tout début du XXème et Maurice Denis déjà utilise le noir autrement. Non pas pour son seul rapport aux autres couleurs, non pas pour exploiter un contraste qui les illumine toutes mais pour procurer à l'oeuvre peinte un ancrage dans l'invisible et chasser l'obscurité. Pierre Soulages "aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité." Le noir de l'abstraction, "c'est la couleur fondamentale " établit une relation exigeante à l'espace et au temps. Le noir permet de remonter très près de l'origine et aussi d'envisager le monde dans son infinitude cosmique comme un mouvement vers le noir absolu. Le noir mêle une mélancolie baroque et une énergie teintée de mysticisme. Il construit métaphoriquement l'oeuvre et préserve le mystère.
Il y a une part d'arbitraire à rapprocher les oeuvres de deux artistes aussi différents que Maurice Denis et Pierre Soulages. Toutefois, j'ai l'intuition, que l'un et l'autre accordent la même valeur complexe au noir, une valeur non spécifiquement occidentale. L'emploi du noir est exclusif chez Soulages alors que chez Denis il pourrait-être compris comme un contrepoint. Dans les deux oeuvres pourtant, le noir possède une qualité métaphysique. Dans les deux oeuvres, il est porteur d'une promesse de lumière.
Catherine Plassart
photos : (1) et (3) Pierre Soulages, (2) Maurice Denis
voir aussi : La Feuillée du 24 septembre 2009
Catherine Plassart - contact@artpointfrance.org
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