Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 juillet 2005 6 09 /07 /juillet /2005 00:00
 Borgès : le paradoxe du voyageur
 

 Il aimait l'incognito. Son amour pour les gauchos était incontestable. Il ne supportait pas l'apprentissage de la haine et était étranger à la fascination barbare.

Son rapport aux règles était surprenant. Règles de l'écriture, règles de la vie, règles du monde. Pour lui, il devait exister sûrement une analogie entre la façon d'écrire, la façon de vivre et la façon dont le monde se déroulait.

On pourrait le comparer à Kafka, au juif de Prague. Le monde dans lequel il vit, lui est à la fois très proche et très lointain car il a perdu sa place, une place; sans doute celle de la bibliothèque paternelle, ou du sens de la vérité.

Son influence est considérable. Sachant qu'il a la stature d'un chevalier des lettres, expression dérisoire peut-être, mais si latine, si espagnole à mes oreilles.

Les meilleurs textes de Borgès dépassent en émotion et en idées bien des pages de philosophie, de poésie ou de romans particuliers.

Puisqu'il aimait renier les genres, trahir les registres, transgresser aussi les lois qui le fascinaient tant.

Homme du paradoxe, plutôt que de l'impossible.

Ecrivain et aveugle. Voyageur et obnubilé par le néant des bouddhistes.

Désespéré à la manière de Schopenhauer peut-être, qui ne se doutait pas de l'autonomie de son oeuvre.

Sans doute aussi, habité par l'immortalité. D'où son usage de l'abstraction, son application a ajouter des lignes aux pages de commentaires, etc.

Il ne croyait pas au temps. "Nous serons ce que nous sommes", fait-il dire à Swedenborg dans son Livre des Préfaces.

 

Là, est je crois, le coeur de l'énigme de Borgès. 

 

Si le temps n'existe pas, alors il n'y a que du même. Répétition sans différence. Identité à l'infini. D'où son refus des miroirs et son adoration de la figure du Tigre aussi.

Enfin, il était un vrai cosmopolite et cela se sait.

En Espagne, j'ai trouvé une Histoire de l'éternité sur l'étalage d'un vendeur de rue à Madrid. En Grèce, je ne sais où, mais sans doute à Athènes, son livre Fictions. A Caracas, bien sûr son Livre des Préfaces

 

Pierre Givodan

Chroniques intempestives

copyright Art Point France

 
voir aussi : le site personnel de Pierre Givodan
Partager cet article
Repost0

commentaires