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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 05:24



Esthétique du romantisme européen .
Compte rendu de la Table ronde du jeudi 7 mai à la Fondation Hippocrène


A la veille des élections européennes, la Fondation Hippocrène en partenariat avec le Goethe-Institut et ac la collaboration de Jeanette Zwingenberger a organisé une table ronde réunissant les huit artistes de l'exposition d'art contemporain, «Paris-Berlin », objet de son huitième "Propos d'Europe". Une occasion d''interroger le point de vue des créateurs à partir de leur expérience du déplacement. Mais aussi de renforcer la coopération franco-allemande en soulignant son importance pour l'Europe qui si elle partage une même culture, une même histoire, une même mémoire n'a pas encore achevé sa construction.


Les artistes de l'exposition "Paris-Berlin", réunis autour d'une table ronde le 7 mai à la Fondation Hippocrène ont évoqué leurs parcours, ils nous ont fait part de leurs expériences et de leurs démarches. Certains ont quitté l'Allemagne pour la France, d'autres ont séjourné d'abord en Italie ou en Angleterre. Ils ont en commun d'avoir élu le territoire français et d'y vivre depuis de nombreuses années. Leur quête romantique se déploie à partir de ce nouveau point d'ancrage mais leurs visées sont multiples.

Paris-BerlinCe que nous ont appris les artistes présents, c'est que pour vivre une vie d'homme, il faut avoir la liberté de lever les yeux sur un horizon quel qu'il soit.


Ainsi, les oeuvres graphiques de Max Weschler né en 1925 nous décrivent des régions où en l'absence de tout horizon, règne le chaos. Dans une tentative de préserver la lettre et de récuser sa disparition, il nous prouve que le discours dans son écrasante perspective idéologique interdit la recherche du sens. Bernhard Rüdiguer centre son propos sur cette idée, et présente "Horizon" une
série de dessins, d'après une oeuvre d'Emil Nolde accusé en 1940 de pratiquer un "art dégénéré". Il métamorphose une peinture abstraite en portrait aux yeux creux, et montre comment le regard se vide, se retourne sur lui même. La liberté est perdue, la conscience de soi rétrécie, une conception du monde s'effondre.


A l'inverse, pour Ulla von Brandenburg et Barbara Thaden le travail de mémoire s'avère impossible. Elles se replient dans la sphère de l'intime et sondent le langage de l'inconscient pour l'une, des corps pour l'autre, espérant y découvrir une vérité autre que celle de l'Histoire. Elles confient au temps qui passe le soin de laver la plaie et savent que grâce à la lumière les fantômes disparaissent.


Pour le photographe Jürgen Nefzger, l'image d'un glacier fondu est en fait une vue romantique du paysage. De même pour Markus Hansen qui avec de la poussière pour seul matériau, nous offre un tableau représentant un ciel digne d'une peinture de Gaspard Friedrich, le plus célèbre des romantiques allemands. Jürgen Nefzger et Markus Hansen font un saut par dessus l'histoire récente de l'Allemagne et formulent une revendication romantique dans une perspective de réconciliation possible avec leur culture d'origine. Ils prennent ainsi en main les outils d'une critique de l'Histoire. Markus Hansen présente d'ailleurs une seconde oeuvre importante dans l'exposition, une suite de diapositives sur le thème du portrait. Il nous donne à penser par là combien le rapport à l'autre dans un désir de coexistence harmonieuse met en jeu le mimétisme.


Pour les romantiques du XIXème siècle, une oeuvre était ce qui contenait et retenait dans une forme, le mal. Ils attribuaient à l'imagination le pouvoir plastique de faire surgir "quelque chose" du choeur des ténèbres. Les oeuvres de l'exposition "Paris-Berlin" relèvent toutes à ce titre d'une posture romantique. Les artistes réunis à la Fondation Hippocrène ont choisi de conserver aux tragiques faits et actes historiques allemands leur dimension énigmatique et refusent de les comprendre ou de les interpréter. Leurs compatriotes de la période nazie sont ces "autres" dont le comportement ne sera pas élucidé. Seule l'évidence d'une étrangeté sera retenue.


La jeune artiste Katincka Bock était absente. Nous aurions souhaité entendre sa parole car elle semble aller plus avant sur le douloureux chemin de la mémoire, concevoir et rendre présente la limite de ce que l'on peut observer. "Verdichtung" , simple barre d'acier constituée d'une multitude de clous, adossée au mur, apparaît comme un horizon qu'elle renverse et érige en objet commémoratif d'une époque de fer et de feu.


Pas d'émois minuscules chez ces hommes et ces femmes dont la terre d'origine est marquée du sceau de la croix gammée mais un romantisme politique qui dénonce en creux la pathologie des dogmes et celle du pouvoir aveugle. Un plébiscite pour l'aventure individuelle dans un espace élargi à l'Europe d'abord, à la planète ensuite. Invention de soi et aspiration à l'infini, le grand ciel est partout et l'horizon dessine une courbe douce.


Catherine Plassart




Les artistes
: Katinka Bock (4), Markus Hansen (2), Jürgen Nefzger (5), Bernhard Rüdiger (6), Veit Stratmann (8), Barbara Thaden (3), Ulla von Brandenburg (1), Max Wechsler (7)






Informations pratiques :Fondation Hippocrène


Siège de la Fondation Hippocrène
12 rue Mallet-Stevens
75016 Paris.


Entrée libre.

exposition ouverte le vendredi et le samedi de 13h30 à 19h
les autres jours sur RDV

contact : Dorothée Merville, responsable des relations publiques
Tél : 01 45 20 95 94
contact@fondationhippocrene.eu

Voir aussi :  www.fondationhippocrene.eu

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