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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 06:40

Du 10 janvier au 20 mars 2009


Musée National Picasso - Vallauris

Franck Scurti

Franck Scurti met en image l'expression "se serrer la ceinture": comme précédemment dans la série dite "Les reflets", l'artiste fait subir aux objets - ici des vases, des jarres, des pots et autres ustensiles produits artisanalement par un artisan céramiste, Gérard Crociani, de Vallauris - des distorsions qui les défigurent considérablement. Ces poteries ainsi malmenées font, par la suite, l'objet d'un traitement très délicat, elles reçoivent une pellicule d'or sur leur paroi intérieure. A cette violence transgressive répond ainsi un contre geste réparateur. Franck Scurti s'accorde ainsi avec les procédés souvent utilisés par Pablo Picasso lui-même qui n'ésitait pas à dire que la vraie création est toujours une somme de destructions.


Franck Scurti


La série de céramiques réunies sous l’intitulé Empty Worlds réalisée pour le musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix à Vallauris s’intègre exactement dans cette exploration de la répétition qui traverse régulièrement l’art de Scurti. Si un indéniable air de famille réunit l’ensemble de ces oeuvres, chacune reste profondément et absolument unique dans son genre. Car les règles de la série, ses rigueurs, ne valent pour Scurti que parce qu’elles lui permettent de produire des exceptions, d’inventer des cas qui font et qui sont la série comme telle. Tout se passe en effet ici comme si le protocole déviait fatalement à un moment donné de son possible devenir industriel pour être le prétexte à la mise en valeur de l’imprévisible, de ce qui déborde le cadre mais que ce dernier rend néanmoins possible, qu’il favorise. Loin d’être un outil propice à la domination de la logique du même, il est au contraire un embrayeur pour défaire la loi des séries c’est-à-dire le pur et simple relevé de la répétition, de l’égalisation morphologique à l’oeuvre. Empty Worlds s’annonce ainsi comme une suite de variations qui auront permis à l’artiste, en suivant une seule et même idée, de délirer – de sortir du sillon tracé – tout en restant aux prises avec la matière elle-même, de délirer à partir de la matière, dans la matière faisant de celle-ci un moyen privilégié de manipulation de l’accident, de l’incident, un moyen privilégié pour matérialiser l’inattendu, l’événement. Ainsi Scurti a-t-il substitué à la logique formelle de la série, la logique matérielle de l’exception comme série, comme variation potentiellement infinie. Une sorte d’empirisme guidé, tramé par une loi sans loi, fait finalement de EmptyWorlds un parfait exemple de ce que l’artiste lui-même qualifie de « matérialisme conceptuel ».


Thierry Davila


informations pratiques :

Musée National Pablo Picasso
La Guerre et La Paix - Vallauris
Place de la Libération
Tél. 04 93 64 71 83

Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 12h15 et de 14h à 17h.


voir aussi : www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

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