édito
La Feuillée mai 2006
Rendre hommage c'est presque toujours pour la société déclarer une dette, dire le regret d'une disparition, cerner des éléments de mémoire qui constitueront des souvenirs communs. Mais lorsqu'un artiste rend hommage à un autre artiste, il s'agit pour lui d'établir un dialogue d'oeuvre à oeuvre, de se nourrir de celle de son prédécesseur mais aussi de la contourner, la prolonger, la dépasser. Une manière d'admiration et de respect nourrit le limon des interrogations et des ambitions en partage.
"A partir de l’espace
avec son frère le temps
sous la gravité insistante
avec une lumière pour voir comme je ne vois pas.
Entre le déjà plus et le pas encore
je fus placé.
L’étonnement devant ce que j’ignore fut mon maître.
Écoutant son immensité.
J’ai tenté de regarder, je ne sais pas si j’ai vu." (Chillida)
Eduardo Chillida est mort en 2002. Toute son œuvre témoigne de ses admirations, de son inscription dans l'histoire celle de son pays d'abord mais aussi celle universelle de l'art.
A l'initiative du Guggenheim de Bilbao, Kosme Barañano, commissaire de l'exposition Hommage à Chillida a réuni les œuvres de 45 artistes qui l'ont connu personnellement et qui dans leur langage, à leur tour rendent hommage au sculpteur basque. Plus qu'une exposition prétexte, c'est tout un pan de la création de la deuxième moitié du XXème siècle que l'on donne à voir, la mémoire vivante de la peinture et de la sculpture d'une époque.
Catherine Plassart
voir aussi : La Feuillée de mai 2006 (notre revue)
Catherine Plassart
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