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16 avril 2006 7 16 /04 /avril /2006 09:47

Peindre et Ecrire aussi

 

Pierre Givodan est un collaborateur régulier de Art Point France. Il nous confie régulièrement ses chroniques intempestives, des "histoires courtes" , des textes d'esthétique.

 

 Nous avons choisi pour présenter sa peinture de parler d'un tableau en particulier, Pierre qui roule, un grand format à l'huile de 2005.

 
 
 

Le grand départ

Pierre Givodan met sa peinture à l’épreuve de tous les formats, carrés, rectangles, petits, moyens, grands… Il évite ainsi l’esprit de série. Chaque œuvre est une parcelle d’un monde imaginé.

 

"Pierre qui roule" est une très grande toile. Un espace ouvert sans limite. Mais aussi une surface cloisonnée dont chaque découpe peut se lire comme la page d’une short story ou comme le chapitre d’un récit initiatique.

 

Un grand carré occupe le centre du tableau. Dans une sorte de mise en page démesurée, d’autres carrés longent les bords horizontaux de la toile alors que deux rectangles verticaux se tiennent sur les côtes latéraux.

 

Dans le milieu est représentée une grande maison toute simple, des murs, un toit. Elle nous livre son intérieur. Elle est vaste et chaleureuse. Le rouge et le rose dominent. L’ambiance est harmonieuse et sensuelle. Quelques notes rondes sur une même portée font entendre une petite musique. Un long escalier suggère plusieurs niveaux dans l‘édifice, il donne accès au toit sur lequel se tient un personnage filiforme. Ce pourrait être l’esprit protecteur du lieu, son ange gardien. Il s’agit probablement du héros de l’histoire qui s’apprête à quitter la maison, à prendre le départ.

 

D’ailleurs, il nous invite à porter notre regard vers la droite du tableau. Un port, un bassin d’eau verte, un quai, un bateau blanc. Cependant, le bateau est à sec et de plus il n’a pas de voile. Le grand départ n’aura pas lieu. Les couleurs pâles sont tendues jusqu’au blanc laiteux. Elles évoquent le silence, l’immuable immobilité. Arrivée ou départ ? Ni l’un, ni l’autre. Un lieu des possibles. Un espace de transit. Il faut traverser l’image pour poursuivre son chemin.

 

La composition du tableau est en spirale. Elle invite le regard à descendre vers le bas de la toile. On traverse alors de multiples territoires : jeu, fête, turbulence, rencontre. La vie y est rose.

 

On suit les personnages qui s’allègent encore dans la partie gauche du tableau. Tels des graphes ils paraissent en apesanteur. Ils circulent et traversent des paysages, vert d’eau, bleu de ciel, ocre pâle. Ils remontent vers d’autres régions, d’autres maisons.

 

Lorsque l’on parvient en haut de la toile, on a opéré un simple tour. L’espace du voyage s’ouvre à nouveau devant nous. 

 

Pour Pierre Givodan le temps est circulaire. Dans d’autres oeuvres moins narratives, aux couleurs vives et chatoyantes, plus gestuelles aussi, les formes cherchent à sortir du tableau mais finalement s’y lovent. Ici, les teintes douces et pastel suggèrent la réminiscence, évoquent la géographie d‘un pays rêvé.

 

C’est le lyrisme qui fonde l’œuvre de l’artiste, « un lyrisme qui n’a de cesse de se délivrer du fugace et du transitoire, d’échapper au moi contingent » (Jean-Michel Maulpoix).


Il développe une œuvre décalée qui est redevable de quelques influences mais libre de toute allégeance à des valeurs d‘école.

 

Entre figuration et abstraction, il utilise le langage des signes et de la couleur. La naïveté apparente de ses exécutions a toujours servi ses œuvres qui parlent aux poètes et aux amateurs. Ses collectionneurs apprécient l’originalité de son talent.

 

Catherine Plassart avril 2006

 
voir aussi : notre dossier Pierre Givodan, le site personnel de l'artiste
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