"Peinture, Système, Monde"
Jusqu'au 11 mai 2008
Musée d'art moderne de la ville de Paris.
Priorité au vivant
Contrairement à une vision superficielle du travail de Penck on aurait tord de croire que le moi est le centre autour duquel s'ordonne sa peinture.Penck est un artiste du général qui s'intéresse au moyen de communiquer le plus largement avec l'humain.Sa prise de conscience d'une scission à l'intérieur de notre modernité l'a enrichi d'une tentation de peser moralement sur les autres. Ses immenses toiles ponctuées de signes en noir et blanc ou colorées et narratives sont un dialogue, une ouverture à l'Histoire.
L'histoire de la conscience humaine qui se fraye un chemin au milieu des embûches des passions.Défenseur des droits de l'homme à rêver, chanter, hurler sa joie et sa peine en musique, mais aussi méditer sur le destin des forces obscures, animales et instinctives, Penck, issu de l'Allemagne de l'est de l'après-guerre est un renverseur ascétique de tradition. Autant dire un révolutionnaire de l'art dont les sculptures taillées à la hache dans le bois démontrent les possibilités d'un amour désintéressé, harcelant et sans scrupule.
Les formes de ses sujets sont élémentaires et sans courtoisie, mais l'approche est éclatante, non conventionnelle au possible. Priorité est donnée ici au vivant sans théâtralité ni noblesse obligée, sans austérité ingrate non plus. Penck s'est donné tous les droits esthétiques mais s'est aussi obligé aux plus grands devoirs. Achoppant à la finitude ses personnages angoissés franchissent les limites de l'espace en criant sur les toits l'absurdité, la vanité et la malédiction issue du malin génie qui nous conduit à l'erreur.
Il y a une vérité têtue dans le travail de cet artiste tourmenté et disproportionné : exclure la mesquinerie de son champ d'attention et en finir avec les fallacieuses perversions faussement innocentes et immaculées. L'homme est faible, crédule et Penck le sait. Ce dernier nous chuchote la tragédie des malheurs d'Adam et Eve comme un trésor infiniment précieux dont nous ne saurions nous dispenser sans démissionner de
notre condition, entre amour et jactance.
P.G. contact@pierregivodan.com
lire aussi la présentation de l'exposition de A. R. Penck publié le 8 février ICI
Exposition A.R.Penk, "Peinture, Système, Monde, Musée d'art moderne de la ville de Paris.Jusqu'au 11 mai 2008.