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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 16:32

du  25 Janvier au 25 Février 2008

Maison de quartier du Landy - Saint-Ouen



Sarah Schmitz

Sarah Schmitz - Pelures de peinture 

Entretien avec Catherine Plassart


C. P.  : Comment interroger le visible tout en dévoilant l’invisible ?

S. S. : J’ai voulu traiter l’absence, et rendre cette absence la plus présente possible. Montrer un objet non pour lui-même, mais pour sa capacité d’évocation, son pouvoir de projection. Plutôt que choisis, ces objets  se sont imposés à moi. Tout d’abord le motif de la chemise suspendue et frontale au cadrage serré, puis celui d’une seule chaussure vue de dessus. Plus tard, l’esquisse de vêtements flottants vue d’en bas. Dès le début, je me suis intéressée au point de vue. Les choses sont perçues de manière très différentes et donc pensées différemment, suivant d’où on choisit (ou non, d’ailleurs) de les regarder. 

C. P. : Des chemises, des chaussures, des esquisses de vêtements… Pourquoi le vêtement ? 

S. S. : C’est avant tout un prétexte pour travailler le pli. Les plis de la peinture, ses strates, ses couches. Et puis, sans  montrer le corps, le vêtement le suggère. Il en est  à la fois la trace et l'oripeau. Un « entre ». (Entre le corps - soi - et le regard - de l’autre-). Cette seconde peau en surface, visible, dévoile ce qui ne l’est pas. Elle traduit quelque chose qui est en profondeur, de l’ordre de l’impalpable, de l’intériorité, de l’être.   

C.P. : Le portait traite-t-il lui aussi de cette question ?
 
S. S. : Il est l’interface manifeste et privilégiée de ce qui se passe à l’intérieur. Le regard y est primordial. Vous regarde-t-il, est-il plongé en lui-même, ou est-il absorbé par son propre reflet ? On ne sait pas. Absent et pourtant là. Le traitement de la couleur où ombre et lumière découpent le visage révèle cette tension.   

C.P. : Qu'est ce qui préside à votre concept en peinture ?

S. S. : Une manière d’évoquer le temps.  Les choses quotidiennes sont tellement vues que notre attention se dérobe et que le regard s’absente. La peinture, couche après couche, couvre et  découvre,  voile et dévoile, dissimule autant qu’elle révèle. Pour moi, la peinture a un lien très fort avec le temps. Invisible, impalpable, tel un pinceau, il marque aussi bien qu’il efface. Les plis de la peau, ceux du vêtement usagé, mais aussi, à une autre échelle, ceux des paysages, des montagnes notamment, en sont les empreintes qui jour après jour, s’estompent ou se creusent, se transforment et disparaissent. 

C. P. :   Comment la peinture peut-elle suggérer la durée,  évoquer les effets du temps ?

S. S. : La peinture est trace, la seule part visible de ce qui se passe en amont. Elle est empreinte du souffle et des tensions qui m’habitent au moment où je prends le pinceau et que je le pose sur la toile. Moment  qui lui-même charrie tant d’autres instants de vie fugaces. Le temps marque, fait des plis et à la fois efface (le quotidien recouvre). La peinture pour moi est "pelures de peinture".   
 

L'interview de Sarah Schmitz  (janvier 2008)  a été réalisée à l'occasion de sa première exposition personnelle à la Maison de quartier du Landy à Saint-Ouen du 18 janvier au 18 février 2008.




informations pratiques :

Vernissage le 25 janvier 2008 à partir de 18h.

A la maison de quartier du Landy
37 rue du Landy
93400 Saint-Ouen
M° Mairie de Saint-Ouen (ligne 13, direction Saint-Denis) 


voir aussi : le site de Sarah Schmitz

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